BAGNOLS/CÈZE Les Halles de la Cèze baissent le rideau : « un gâchis »
Ouvertes en mars 2023, les Halles de la Cèze ont baissé le rideau fin juillet. Si le directeur affirme que le lieu rouvrira sous un autre format, certains commerçants sortent du silence.
Au départ, c’était une friche en lisière du centre-ville de Bagnols. Un ancien cinéma, devenu une boîte de nuit, vide depuis les années 1980. Un lieu que le promoteur bagnolais Anthony Gazan avait racheté en 2008 avec une idée : en faire des halles. Ce projet, il le mènera à son terme au printemps 2023 avec l’ouverture des Halles de la Cèze. Un lieu entièrement rénové, avec une verrière, une terrasse, et une grosse dizaine de commerces. Si au début, l’affluence est au rendez-vous, après quelques semaines, les Halles s’essoufflent.
Jusqu’au couperet tombé fin juillet. « Après consultation des commerçants, la décision a été prise le 28 juillet de fermer, suite à une baisse significative de la fréquentation », pose le directeur Mahir Devinck chez nos confrères de TVSud Magazine. Contacté par nos soins, il n’a pas retourné nos appels. Il serait parti en vacances hier soir. Quant à Anthony Gazan, il nous a répondu qu’il était « en vacances et difficilement joignable ». Cette fermeture en plein été a fait face au refus de deux commerçants de fermer. « Les départs ont été chauds », nous fait savoir un connaisseur du dossier. « Je n’ai même pas envie d’en parler », souffle un des commerçants, qui se dit « tellement déçu ».
« J’ai eu des journées à zéro euro de chiffre d’affaires »
La plupart des commerçants des halles avaient plié bagage avant. « Je n’y suis plus depuis deux mois car je sentais le bateau couler », glisse l’un d’eux. Il faut dire que sur la fin, « je levais le rideau en arrivant et je le redescendais en partant, et c’est tout, j’ai eu des journées à zéro euro de chiffre d’affaires, parfois on était plus de commerçants que de clients », affirme-t-il. Pendant ce temps, les commerçants devaient payer un loyer que certains considèrent comme « trop élevé » : selon nos informations, 2 000 euros par stand, auxquels s’ajoutaient 620 euros mensuels pour la communication.
Pour les commerçants contactés, le principal responsable serait Anthony Gazan. « Il n’a pas écouté les commerçants », tranche l'un d’eux, « il n'y avait aucune concertation, on était là pour payer un loyer et pour se taire », peste un autre, parti après seulement quelques semaines, déçu par « des promesses non tenues » et par un résultat décevant. Les décisions stratégiques prises par la direction des lieux sont unanimement pointées du doigt : « il a privilégié les restaurants, ce qui ne ramène du monde qu’entre midi et 13h30 », pointe l’un d’eux, « au fur et à mesure il a réduit les horaires d’ouverture », regrette un autre, qui dit avoir conseillé à Anthony Gazan, sans succès, de « mettre des gens du métier » pour gérer ses halles.
Au fur et à mesure de l’exploitation, la direction a en effet bougé plusieurs curseurs, sans trouver la bonne solution. « Ils n’ont jamais laissé le temps au concept de s’installer », affirme un ancien commerçant des halles. Des faiblesses structurelles, comme l’absence de parking devant les halles, reviennent aussi dans les explications possibles à cet échec. « J’ai une sensation de gâchis », souffle l’un d’eux.
« Un nouveau format est en préparation »
Et maintenant ? Chez nos confrères de TVSud Magazine, Mahir Devinck a annoncé que « Prochainement une réouverture de l’établissement est prévue sous un autre format, des discussions et études ont commencé », et qu’il était d'ores et déjà possible de louer les lieux pour des événements privés. Si le projet de halles ouvertes tous les jours est « définitivement révolu », selon ses termes, « il n’y a pas de volonté de fermer définitivement. Un nouveau format est en préparation pour les Halles de la Cèze », affirme-t-il.
Reste une question : celle de la garantie de 50 % du prêt d’1,1 million d’euros contracté par l’entreprise d’Anthony Gazan auprès de la Banque des territoires par la mairie de Bagnols, soit 569 000 euros. Du côté de la mairie et du maire on se borne à ne pas faire de commentaire, le projet étant privé. Lors du vote de la garantie du prêt en septembre 2022, le maire Jean-Yves Chapelet affirmait que « pour recouvrir la caution, on prend bretelles, ceinture et une deuxième paire de bretelles ». À ce stade, la mairie n’a pas versé un euro dans le projet, qui a obtenu un prêt à taux zéro de la Banque des territoires car il était labellisé par le programme Action coeur de ville. Prêt obtenu grâce à la garantie de 50 % du prêt par la mairie. Cette garantie ne jouera que si Anthony Gazan se révèle incapable de rembourser le prêt. Dans ce cas, la mairie devrait assumer les annuités, et reprendrait les murs. « Mais tant qu’Anthony Gazan rembourse son prêt, il n’y a pas de sujet », résume un connaisseur du dossier.
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