ÉDITORIAL Dura lex, sed lex
Il doit s'en vouloir d'une si bête erreur. L'expression latine Dura lex, sed lex (la loi est dure, mais c'est la loi) n'a jamais aussi bien fonctionné que cette fois. Le député Modem réélu, Philippe Berta, pourrait se retrouver contraint par le Conseil constitutionnel de rendre son tablier dans quelques semaines pour une simple maladresse postale...
La décision n'est pas encore connue à cette heure, mais elle serait sacrément incroyable. Comment un député sortant, réélu, appartenant à une majorité présidentielle (relative) à l'Assemblée nationale a-t-il pu faire preuve d'autant de légèreté dans l'envoi de ses comptes de campagne alors que le temps dont il disposait et l'impérieuse responsabilité l'obligeaient à vérifier plus que de raison ? Une erreur humaine bien sûr, cela arrive. C'est d'ailleurs ce qui doit le faire le plus rager. Elle pourrait malheureusement lui coûter très cher et avoir des conséquences très lourdes pour le Gard. Car le Conseil constitutionnel, qui va très prochainement juger cette histoire, dispose certes d’un large pouvoir d’appréciation. Mais les textes sont clairs : la haute juridiction prononce l’inéligibilité d’office des candidats n’ayant pas déposé leurs comptes dans les délais et dans les conditions requises, alors qu'elle peut se montrer plus souple en cas de dépassement du plafond des dépenses. S’agissant de l’éligibilité, le Conseil constitutionnel déchoit automatiquement l’élu inéligible. Est-ce que ce sera le cas pour Philippe Berta ? On devrait rapidement le savoir. D'autres font déjà des plans sur la comète, rêvent d'un deuxième ou d'un troisième tour auxquels ils n'ont pas eu droit, imaginent une victoire possible avant d'avoir joué le match. Difficile à ce stade de déterminer les forces et faiblesses de chaque candidat si d'aventure une législative partielle était organisée sur cette 6e circonscription du Gard. D'ailleurs, s'agira-t-il des mêmes candidats que lors du scrutin de juin dernier ? Philippe Berta empêché ou pas, sera-t-il candidat une nouvelle fois ? C'est loin d'être acquis. Lui qui avait l'intention déjà de se séparer de son costume de député dans deux ans pour laisser la place à son suppléant, Aurélien Colson. Finalement, le principal risque, si le retour aux urnes était proclamé, serait de se retrouver avec un cinquième député Rassemblement national. Presque le grand chelem pour les amis de Marine Le Pen. Plus qu'un laboratoire du RN, le Gard deviendrait la terre de prédilection de l'extrême-Droite. Mieux que le Nord, que la région Paca ou le département du Var, le Gard, risée de la France modérée et progressiste. Faudra pas ensuite s'étonner pendant cinq ans que ce territoire magnifique ne bénéficie d'aucune attention de l'État. Pourquoi se plaindre ? On a les députés que l'on mérite...
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