FAIT DU JOUR Le Département veut améliorer la sécurisation des ponts submersibles
Dans la nuit du 9 au 10 mars dernier dans le Gard, six personnes ont perdu la vie, emportées par les crues au niveau d’un pont submersible. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces infrastructures, conçues sans parapet afin de laisser passer l’eau en cas de fortes inondations, sont nombreuses sur le territoire gardois.
« Le conseil départemental en gère soixante-six, précise Hélène Pelligrini, la directrice des Territoires au Département. Et les communes en comptent tout autant. » Autrement dit, ce sont aujourd’hui plus de 130 ponts submersibles qui sont répartis sur l’ensemble du département, et cela aussi bien sur le bassin versant du Gardon que de la Cèze ou encore de la Vallée de l’Hérault. Mais ces ouvrages d’art sont-ils adaptés aux fortes intempéries qui frappent régulièrement la région ?
« Ce type de pont est un très bon compromis afin de maintenir la circulation sans générer de contraintes hydrauliques trop fortes, explique Roch Vernède, le directeur mobilité et routes au Département. L’absence de parapet sur les deux côtés de la structure permet aux flots de passer par-dessus en cas de montée des eaux. L’ouvrage devient ainsi transparent. »
Autrement dit, il ne s’agit pas là d’un pont au rabais ! « Pas du tout, assure Roch Vernède. Un pont submersible est avant tout une solution qui correspond à des contraintes techniques spécifiques comme c’est le cas ici. » D’ailleurs, les techniciens des routes au Département considèrent que ce type de structures est adaptée aux phénomènes cévenols, mieux sans doute qu’un pont classique avec remblai qui lui induit des retenues d’eau et le risque de formations d’embâcles qui peuvent fragiliser l’ouvrage au point de voir rompre. Et qu’en est-il de l’entretien de ces dizaines de pont submersibles ? « Ils sont régulièrement visités. Mais leur conception minimaliste fait qu’ils ne souffrent pas particulièrement du fait qu’ils soient parfois noyés. »
Améliorer la signalétique
Malheureusement, ce n’est pas la première fois que le franchissement de ponts submersibles endeuille le département. « Entre 2006 et 2015, une dizaine de personnes est décédée en traversant un pont submersible lors de fortes crues », indique Hélène Pellegrini. Un décompte saisissant qui interroge sur la signalétique et les mesures de sécurisation adaptées à la situation. Pour l’heure, les consignes édictées par l’État sont respectées avec notamment la mise en place d’un barriérage à moitié de chaussée et de signalétiques spécifiques aux abords des ouvrages concernés. « Je considère cependant que les règles peuvent être améliorées, souligne Martin Delord, vice-président du Département délégué aux Infrastructures routières. Pour ma part, je suis favorable à la mise en place de panneaux plus gros et d’une barrière sur toute la largeur de la route afin d’empêcher les tentatives de traversée. » Une solution qui ne fait pas l’unanimité comme l’explique Hélène Pelligrini : « Il faut un système qui laisse passer les forces de secours, notamment les pompiers, s’ils ont besoin d’utiliser l’ouvrage ». Et puis, « si on met une barrière sur toute la route, les gens peuvent la casser en voulant forcer le passage et la faire disparaître, laissant ainsi croire aux suivants qu’il n’y a pas d’interdiction de circulation ».
Rappelons qu’au lendemain de ces dramatiques intempéries, les responsables du Conseil départemental ont fait savoir que « les équipes mobilisées pour intervenir sur le réseau ont été dimensionnées avec l’intervention de 70 agents » et que concernant le pont submersible de Dions samedi 9 mars vers 22h20, le SDIS avait sollicité l’astreinte départementale pour procéder à la fermeture de l’ouvrage, vue la montée soudaine des eaux en cours. « Les agents ont enclenché alors la procédure de fermeture de l’ouvrage avec mise en place des panneaux d’information et de déviations sur les itinéraires menant aux deux rives du Gardon, conformément à la procédure en vigueur. »
Une réunion en préfecture est prévue dans les prochains jours pour évoquer les mesures de signalisation des ponts submersibles sur le département « et faire le point sur les responsabilités des uns et des autres ». Toutefois, Martin Delord insiste sur le fait que dans de nombreux cas « malheureusement nous devons faire face à l’incivilité des usagers » et qu’il est aujourd’hui important « de sensibiliser davantage la population sur l’usage de ces ponts submersibles ».
Un nouveau pont à Chamborigaud
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le 18 mars dernier, l’une des arches d’un pont de pierre reliant la commune de Génolhac à celle de Chamborigaud s’est effondrée emportant avec elle un camion et blessant le chauffeur. Une enquête pour déterminer les causes exactes de cet effondrement est actuellement en cours. Cependant, tout laisse à penser qu’il s’agit d’un glissement de terrain. « La dernière visite de sécurité a été effectuée il y a moins de deux ans », affirme Roch Vernède qui indique par ailleurs que les travaux d’urgence concernant l’installation provisoire d’un passage à gué débuteront en début de semaine prochaine. Ils devraient durer un mois. « Dans le même temps, démarreront les travaux pour la construction d’un nouveau pont, déclare Martin Delord. Cela nécessite de tomber l’ouvrage existant qui date de 1850, et d’en construire un neuf avec deux piles intermédiaires. » Ce nouveau pont, dont le coût, pris en charge en totalité par le Département, est estimé entre 5 et 7 M€, devrait être livré à la circulation en septembre 2025.
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