FAIT DU JOUR Port du masque à Alès : ceux qui respectent… et les autres
Pour lutter contre l’épidémie de covid-19, le port du masque est obligatoire dans les bars et les restaurants. Une règle pas toujours facile à mettre en pratique et que le maire d’Alès, Max Roustan, a rappelé aux gérants des établissements de sa ville dans un courrier envoyé la semaine dernière.
Il suffit de passer quelques minutes dans le centre-ville d’Alès pour se rendre compte qu’en matière de port du masque, il y a deux écoles. Dont ceux qui, fatigués, lassés, accablés par la chaleur ou la contrainte, ont quelque peu relâché leurs efforts. C’est pour ces derniers que Max Roustan a tiré la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. Et il y a les bons élèves. Ceux qui ont constamment le nez et la bouche recouverts par le masque, peu importe l’heure de la journée, la température, ou la fréquentation des lieux.
C’est le cas au restaurant La Cuisine à Alès, situé sur le boulevard Louis-Blanc, où le gérant Damien Roux met un point d’honneur à se plier à cette règle. « Nous la respectons à 100%, autant pour protéger nos employés et clients que nous-mêmes. Nous n’avons pas attendu le courrier du maire pour le faire », assure-t-il.
Et c’est vrai : à chaque passage devant sa cuisine, qui donne sur la rue, le chef et ses employés sont masqués, qu’ils soient aux fourneaux, en salle ou en terrasse. « Il faut jouer le jeu car nous avons le chance de pouvoir retravailler. Le but n’est pas de fermer à nouveau », commente-t-il. Anne-Sophie, qui est au service chaque midi, respecte aussi la consigne même si elle en souffre chaque jour : « C’est horrible de porter ce masque. Surtout ceux en tissu car je n’arrive pas à respirer. C’est gênant également pour la vision. Il faut parler plus fort pour ceux qui entendent mal et ne peuvent plus lire sur nos lèvres… Bref, on galère, on s’épuise et on perd du temps. Personnellement, je ne prends plus de plaisir à mon travail, je me pose même la question d’arrêter », soupire-t-elle.
Du relâchement ces dernières semaines
Puis, dans d’autres cafés et restaurants du centre-ville, l’heure est à l’hypocrisie. Dans le discours, tout le monde porte un masque. Mais dans les faits, c’est une autre histoire… Glissé sous le menton ou pendant à une oreille, histoire de se donner bonne conscience, et parfois même dans la poche : le masque n’est pas quelque chose de naturel.
Ces derniers jours, il était même plutôt fréquent de passer devant des terrasses alésiennes bondées avec des serveurs à visage découvert. « Il y a eu du relâchement dans quelques bars, lors de certaines soirées notamment », observe Marilyne Rédarès, gérante de La Brûlerie. « Moi, je n’ai pas attendu que Max Roustan envoie une lettre, j’ai serré la vis tout de suite ! », poursuit-elle.
À la brasserie L’Ambiance, le discours est quasiment le même : « On met le masque tout au long du service, c’est très dur avec cette sensation de chaleur… Pour l’instant il n’y a pas eu de contrôles, mais je pense que ça ne va pas tarder », estime Zino, co-gérant des lieux.
Alès Plage dans le viseur
Pour illustrer le relâchement de ces derniers jours, beaucoup de barmen et de restaurateurs du centre-ville ont une cible toute trouvée : Alès Plage. Seulement, aucun d’eux ne l’assume publiquement, confraternité oblige. Sous couvert d’anonymat, l’un d’entre eux dénonce : « Il y a des soirées où de nombreuses personnes dansent sur la piste sans respecter les distances et où le personnel ne porte pas le masque… »
Un constat qui semble partagé par une partie de nos lecteurs. Suite à la parution de notre article sur le courrier de Max Roustan aux commerçants (relire ici), plusieurs commentaires ciblent la guinguette estivale. « Tous les jours musique à fond, pas de masque, ça danse, ça chante… Il n’y a pas un problème ? », interroge un lecteur. Et face à l’avertissement du maire de passer à une phase de contrôle et de verbalisation, les internautes s’en donnent à cœur joie, laissant entendre une certaine connivence entre la municipalité et les responsables du lieu : « À Alès Plage aussi ? », ironise un alésien. « En commençant par Alès Plage… ah ben non c’est des collègues… », renchérit un autre.
Christophe Hugon, co-gérant d'Alès Plage avec Marie-Hélène Monier, répond aux critiques : « Nous sommes considérés comme un espace extérieur donc le port du masque n'est pas obligatoire. En revanche, côté restaurant, les serveurs ont toujours porté un masque. C'est vrai qu'il y a eu un petit moment de relâchement côté bar, notamment parce qu'on a mis des vitres en plexiglass devant le comptoir. Mais il faut comprendre que c'est une grosse contrainte. Dans les cuisines, avec la chaleur, c'est difficile. »
Et les soirées ? « On anime, mais on ne danse pas. Et quand on voit qu'il y a trop de monde, notamment le week-end, on a un vigile posté à l'entrée pour réguler le flux. On s'est retrouvé avec une file d'attente de quarante minutes. » Pour rappel, l’amende pour non-port du masque obligatoire s’élève à 135 euros.
Élodie Boschet et Tony Duret
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