GARD RHODANIEN Démantèlement nucléaire : une nouvelle formation pour répondre aux besoins des entreprises
Depuis le 31 août, une nouvelle formation "d'opérateur/assainisseur dans le démantèlement nucléaire" est proposée par l'entreprise Kairos formation, filiale du groupe D&S basé à Bagnols. Elle colle parfaitement aux besoins de main d'œuvre des entreprises de ce secteur incontournable du Gard rhodanien aux enjeux majeurs pour l'avenir.
"On a facilement des BTS, bac +2 et ingénieurs qui vont vouloir travailler dans les bureaux, être en supervision. Mais on a des difficultés pour trouver des opérateurs, des intervenants de premier niveau, qui interviennent physiquement", indique Didier Giffard, directeur de CIMAT située dans la zone industrielle de l'Ardoise et président de Cyclium. Il fait partie des huit entreprises du territoire à prendre un stagiaire dans le cadre de cette formation. Car la plupart de la main d'œuvre qui arrive est surqualifiée pour ces postes de "terrain". Et depuis la disparition du brevet d'études professionnelles AARA, il y a une dizaine d'années, les entreprises du nucléaire souffrent du manque de profils correspondant à ces postes.
C'est de ce constat que cette nouvelle formation gratuite est née avec la collaboration du Greta et du lycée Einstein. Pôle emploi a également œuvré au recrutement des neuf stagiaires de cette première promotion. À l'avenir, il est envisagé de faire passer des simulations aux candidats pour mieux repérer ceux qui sont compatibles avec le futur travail d'opérateur en démantèlement.
Si cette formation a vu le jour, c'est aussi parce qu'elle a de l'avenir. Surtout ici. "Les emplois à pourvoir dans l'industrie sur le territoire, c'est à 70% dans le nucléaire", chiffre Valérie Brousse du Pôle emploi. La Région Occitanie finance entièrement cette nouvelle offre de formation soit environ 75 000 € : "Un besoin était repéré et il n'y avait pas de réponse à apporter", assure Mohamed Aitali, chargé de mission pour la Région.
Un CDD de six mois minimum ou un CDI à la clé
Oui parce que ces trois mois de cours théoriques et ces quatre semaines en stage constituent une porte d'entrée dans le monde du travail pour les élèves. En acceptant un stagiaire de la formation, les entreprises signent une charte d'engagement où elles garantissent un CDD d'au moins six mois à l'élève voire un CDI. Chose possible car le futur employé sera opérationnel de suite contrairement à un candidat extérieur.
Les profils des élèves de cette promotion sont divers : ils ont entre 18 et 40 ans, ils travaillaient dans l'industrie, dans la maçonnerie, dans le désamiantage, dans la logistique, dans la menuiserie, dans les transports en commun... Certains gagnaient leur vie, pour d'autres c'était plus compliqué. "J'étais chef d'une entreprise dans l'automobile, raconte Alexandre Carminati, Bagnolais de 31 ans, j'ai préféré liquider ma société en septembre 2016. J'étais à la recherche d'un secteur d'activité plus sérieux et plus solide. Dans le nucléaire, il y a du travail pour les générations à venir ou au moins la mienne. Ça m'a attiré."
Une formation ouverte à tous les jeunes même peu qualifiés
Pourtant le mot nucléaire fait parfois grincer des dents. Le secteur n'est pas celui qui recueille le plus large consensus. "Mais sur le territoire, il y a un véritable attractivité du nucléaire contrairement à d'autres endroits", rassure Valérie Brousse. Émilie Chaudet, responsable de deux filiales du groupe D&S, espèrent que cette nouvelle formation va davantage convaincre les jeunes de se tourner vers le nucléaire, "on n'y pense pas forcément au moment de son orientation." Elle déplore aujourd'hui un effectif à flux tendu "car on a du mal à anticiper les départs et le temps de formation."
En plus de répondre à un besoin du secteur, cette formation est l'occasion pour des personnes peu qualifiées de trouver un emploi stable. Les sélections sont ouvertes quel que soit le niveau de qualification. Et le salaire est attractif : "Pour un salaire débutant comme opérateur dans le nucléaire, c'est entre 1 800 et 2 500 € brut", estime Julien Feja, président du groupe D&S.
Jusqu'au 18 décembre, les élèves suivront 560 heures de formation. D'abord, ils apprendront les bases (le découpage en apprenant à manier la scie-sabre, les protections...) avant d'aller en stage. Parmi les entreprises qui ont accepté des stagiaires, on retrouve Rouméas, ONET, D&S ingenery, Razel-Bec, Alfadir, Fildem...). Elles ont pu choisir un ou deux élèves sur les 30 CV retenus par Pôle emploi.
Marie Meunier
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