NÎMES Festival Flamenco : Javiera de la Fuente, "le noyau de ce que je fais c’est le flamenco, malgré tout"
Après deux ans de travail, d'essais, de recherches, Javiera de la Fuente a présenté en première mondiale son spectacle, Envioletá, hommage à l'icône de la chanson chilienne, au théâtre l'Odéon, dans le cadre du festival Flamenco de Nîmes.
Une performance qui n'a pas fait l'unanimité, mardi soir au théâtre Odéon à Nîmes. Des bruits de pas, entendus au beau milieu du spectacle, supposaient le mécontentement de certains spectateurs. Une hypothèse vérifiée lorsque les lumières ont de nouveau inondé la salle, pourtant pleine une heure plus tôt. Pas de quoi décontenancer la danseuse d'origine chilienne, installée depuis plus de dix ans en Andalousie. Participer au festival Flamenco de Nîmes a d'abord été "une surprise", puis "un défi par l’importance, la catégorie et la programmation de ce festival."
Javiera de la Fuente poursuit : "Je ne pensais pas présenter mon travail dans ce type d’espace et de contexte, je pensais plus à des endroits alternatifs et beaucoup moins institutionnels." Des mots qui traduisent la pleine conscience de l'artiste quant aux attentes d'un certain public, accroché à la tradition, assuré de savoir "ce qui est du flamenco et ce qui ne l'est pas".
Javiera de la Fuente se place hors du cadre traditionnel, sa performance morcellée en plusieurs parties indépendantes les unes des autres, se veut être "un manifeste, comme une manière de transmettre cette vision que j’ai du flamenco en tant qu’expression universelle." Le tout dédié à Violeta Parra, figure emblématique de la culture populaire chilienne, artiste engagée décédée en 1967 à l'âge de 49 ans.
Le corps occupe un espace bien plus vaste que celui observé, où les objets prennent une autre dimension. Ce pico - châle traditionnel - par exemple, vole dans les airs, s'empare de l'artiste qui se transforme alors en faucon, interprétation très personnelle d'une composition de Violeta Parra restée cachée. L'évocation "d'une société réprimée, d'une société dans laquelle être une femme est très difficile, être libre est très difficile."
À travers cette manière de se réapproprier les objets, la guitare, la robe etc, mais aussi d'associer la technique du baile flamenco à la danse contemporaine - accompagnée de la danseuse Francisca Crisóstomo (*) - Javiera de la Fuente ouvre le champ des possibles, donne à découvrir une autre facette, une évolution du flamenco. C'est ce qu'elle défend.
"Le flamenco est une continuité, c’est un cercle. Si dans ce mouvement circulaire, j'imagine et tente certaines choses, je fais de la recherche, le noyau de ce que je fais c’est le flamenco, malgré tout, insiste-t-elle. C’est mon langage de base. C’est une manière pour moi de créer, de m’exprimer, d’exprimer des idées, des préoccupations. C’est comme un espace qui me donne de la liberté, sans limites." Pas même physique.
*Également Imma La Carbonera au chant, José Torres à la guitare et Martín Benavides au thérémine.
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