NÎMES Fred Jumel revient sur une année "intense" et "difficile" pour Paloma
La SMAC Paloma prépare sa rentrée et a déjà dévoilé quelques noms (Christophe, Dub Inc, Tryo, Doc Gyneco...). Une programmation plus ouverte au grand public qui répond à un repositionnement de la salle, quatre ans après son ouverture. Son directeur, Fred Jumel, revient sur une année chargée entre attentats, diminution des subventions et sponsors frileux, et la réussite incontestable de son festival Tinals.
Objectif Gard. Attentats, baisses de subventions... Est-ce que l'on peut dire qu'il s'agit d'une année plus dure que les autres pour faire vivre une salle de spectacle comme Paloma ?
Fred Jumel. Bien sûr, il s'agit d'une année très intense qui a changé la manière de voir notre travail. Les attentats de novembre 2015 ont eu un vrai impact sur notre manière de penser les choses et de les traiter. Il a fallu revoir notre organisation interne notamment sur les processus d'évacuation. Je crois qu'il y a eu une vraie prise de conscience de notre responsabilité, même si on l'avait déjà. Un impact aussi sur les spectacles qu'on a dû annuler, une saison difficile financièrement. Le mois de novembre étant habituellement une période de négociation avec les sponsors pour les festivals et effectivement, toutes les négociations se sont arrêtées pendant les deux mois qui ont suivi les attentats. Beaucoup de sponsors privés se sont rabattus sur des évènements sportifs et autres. La musique n'était pas le domaine le plus porteur pour représenter une marque fin 2015.
Y a t-il eu une diminution de fréquentation ?
On l'a constaté surtout sur la période novembre - décembre. Cela s'est arrangé dès le mois de janvier. C'est surtout sur les spectacles jeunes-publics que cela a posé le plus de problèmes. L'impact a été moindre sur le public plus "fidèle", les gens ont compris que les probabilités qu'un attentat se reproduise dans un lieu comme chez nous étaient plus faibles. Malgré tout, on a maintenu une fréquentation assez haute sur l'ensemble de la saison.
Il y a aussi du positif à retenir, notamment en ce qui concerne le festival Tinals.
C'était l'édition de la maturité. On a cherché pendant trois ans quel pouvait être le rythme de ce festival en terme de dimension, de nombre d'artistes et jours d'ouverture, le temps consacré à la gratuité en après midi ou comment animer les journées et autres. On a trouvé un site qui permet d'avoir deux scènes, dont une très proche du public. On a pris une tête d'affiche, les Foals, plus forte cette année, tout en gardant l'état d'esprit de la découverte et des artistes internationaux connus mais avec un rayonnement faible sur le grand public. Il y a quelques améliorations à faire notamment en terme de circulation. On a trouvé un équilibre dans les équipes, on se professionnalise et on sent qu'on est au démarrage d'un festival qui va pouvoir s'installer dans la durée.
Le Tinals attire un public d'initiés en majorité. Est-ce que tu sens que les Nîmois sont concernés par ce festival ?
La majorité est Nîmoise ! Après il y a des gens du grand sud, et on voit qu'il y a de plus en plus d'étrangers notamment des Anglais, Belges, Suisses, Néerlandais. Le but pour l'édition prochaine c'est de communiquer en direction du grand public pour toucher encore plus de Nîmois évidemment.
"Il y a des gens qui fantasment ces métiers et se rendent
compte une fois en poste que ce n'est pas forcément
ce qu'ils avaient imaginé"
Comment évolue l'équipe avec laquelle tu travailles ?
Il y a des gens qui fantasment ces métiers et se rendent compte une fois en poste que ce n'est pas forcément ce qu'ils avaient imaginé. Après on a aussi une équipe très féminine, il y a eu plusieurs congés maternité dans l'année. Ce qui est bien car cela donne du sang neuf dans l'équipe et c'est ce qui fait qu'il n'y a pas réellement de train-train. Puis il y a eu des parcours et des envies plus personnelles notamment Céline, notre responsable de la communication, qui a pris un congé sans solde de 6 mois pour voyager à l'autre bout de la planète. On est une équipe sereine mais qui se renouvelle régulièrement. On a pas mal de stagiaires, on fait pas mal de formation et accompagnement.
Et beaucoup de bénévoles aussi. Vous êtes en recherche constante de forces vives ?
On atteint 300 bénévoles sur l'ensemble de la saison. Le bénévolat fait parti du projet de la structure, donc ce n'est pas un besoin mais une action qu'on mène. Le but du bénévolat c'est de permettre à des gens qui veulent découvrir la musique de pouvoir s'investir de manière active. Cela permet aussi de créer du lien social, des réseaux. Ce n'est pas une nécessité, on a énormément de demandes dès le début de l'année. Le principe c'est d'être le plus ouvert possible. On a des retraités, des étudiants, des chômeurs ou des gens en activité.
Comment évolue le label Paloma ?
Depuis l'ouverture, on est assez content de l'accompagnement, surtout quand on voit le parcours de Set & Match, les Mofo Party Plan ou encore Harold Martinez. Aujourd'hui, on est dans une phase de réflexion qui va débuter dès la rentrée avec des séminaires pour requestionner tout ça. On va faire évoluer la formule qui était pensée comme une sorte d'ascenseur pour faire émerger les groupes. On va partir plutôt vers une logique d'artistes associés. Une fois que les groupes sortent un disque ou signent chez une maison de disque, ils ne trouvent plus leur place dans le label Paloma. Il faut que notre lien avec les artistes ne soit pas uniquement rattaché à leur démarrage mais aussi basé sur la notion de création et de proximité.
Ton top et flop de l'année ?
En top, General Electriks. On était complet très rapidement donc on a essayé de décaler la date sur la grande salle. Mais comme ils étaient en résidence à Paloma dans le club et qu'ils faisaient pas mal de petites salles en France, ça les rassurait de rester dans une salle plus intimiste. On a longtemps hésité avec eux, au final ils ont préféré rester dans le club. Le flop, Eagles of Death Metal, un groupe qu'on trouvait fun et drôle mais qui nous ont énormément déçu notamment parce qu'ils ont tenté de renégocier les cachets après les attentats. Et puis il y a eu tout le reste, les sorties de Jesse Hughes et on s'est retrouvé face à cette vision simpliste du monde qu'on ne partageait pas.
Pour finir, comment s'annonce la rentrée ?
On a beaucoup de têtes d'affiche à la rentrée. Tout n'est pas encore arrêté mais c'est lié aux sorties d'albums qui tombent à cette période pour beaucoup. Puis c'est intéressant de répondre aussi à un public qui est moins dans "l'indie music". L'équilibre, c'est de proposer des spectacles plus connus ou reconnus sur l'année et de recentrer l'émergence et la découverte dans le cadre du festival.
Baptiste Manzinali
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