PALOMA Julia Lanoë (Mansfield.TYA) :"La place des femmes n'est pas qu'à la maison"
Elles sont deux, Julia Lanoë (également connue sous le pseudonyme de Rebeka Warrior dans Sexy Sushi) et Carla Pallone du groupe Mansfield Tya, et sortent tout juste leur quatrième album Corpo Inferno, où se mélange minimalisme électronique, violons et guitares saturées pour un objet final sublime et limpide. Interview de la chanteuse, Julia, en répétition avant le début d'une tournée marathon qui passe ce vendredi 2 octobre à Paloma avec Laetitia Sheriff.
Objectif Gard : Vous jouez ce vendredi à Paloma dans le cadre d'une thématique "Où sont les femmes", alors je vous pose la question, où sont les femmes ?
Julia Lanoë : Elles sont à Nîmes à Paloma (rire), en plus on joue avec Laetitia Sheriff, c'est une chouette meuf. Il y a beaucoup de femmes musiciennes et dans l'art contemporain aussi, mais on est encore sous ou mal représentée. Je n'ai pas toujours dis ça, au début de ma carrière je pensais qu'on nous voyait assez, mais bizarrement cela peut aussi nous aider, la preuve il y a des soirées "femmes". Les gens font ça pour rééquilibrer la chose. Je pense que le problème est plus profond, c'est peut-être un élément de réponse des soirées comme ça, mais c'est aussi important que les jeunes prennent la parole. Il faut le dire, la place des femmes n'est pas que à la maison.
OG : Votre vision du féminisme, c'est quoi ? C'est quelque chose que vous revendiquez ?
JL : Je suis sans doute un peu trop utopiste, mais comme pour moi tout va bien, on me laisse m'exprimer et j'ai le droit à toutes les représentations. Dans notre musique on est pas engagé politiquement, car cela sonne comme une évidence pour nous, on ne revendique rien en particulier.
OG : premier constat sur ce nouvel album, vous avez un peu délaissé le côté folk pour une production plus électronique. Un virage que vous aviez amorcé dans le précédent NYX en 2011. C'est un cheminement classique où une simple envie de se renouveler ?
JL : Le fond est toujours le même, la base de notre musique c'est vraiment le chant et le violon. Notre propos est dans le minimalisme, le reste ce n'est que de l'habillage. La guitare et les claviers ne sont qu'un medium. Cet album est dans la continuité des autres, c'est cohérent.
OG : Qui est Gilbert de Clerc ? (titre d'une chanson du dernier album Corpo Inferno)
JL : C'est un transporteur belge, vraiment (rire). C'est une histoire secrète et personnelle que je n'ai pas envie de dévoiler, une histoire de femme désespérée qui attend du courrier. J'attend, je sais pas si je lui fais de la pub ou une contre pub (rire).
OG : Vous dites dans vos chansons : "et s'il n'y a pas de guerre, je vous en prie Gilbert, trouvez une bataille au mieux", ou encore "Là où je me suis réfugiée, bien à l’abri de vos propos, il n’y a pas de misogynie, pas de racisme et pas de sots. Seulement voilà, je me fais chier, la vie est triste sans bourreaux"...Vous êtes en recherche de violence ?
JL : C'est le monde qui nous entoure qui est violent. Il y a un peu de désillusion et d'ironie dans nos textes, le monde sous sa forme actuelle me fait pleurer mais aussi beaucoup rigoler. Je ne le comprend pas, c'est pour ça que j'ai du mal à répondre sur la question de la place des femmes car cela me touche beaucoup, je ne suis pas douer pour m'exprimer de cette façon. Je n'ai pas le don de grands orateurs pour parler de sujets de société, je me sens plus poète. Dans un dialogue, je ne trouve pas mes mots. Ce n'est pas mon job, personne ne voterait pour moi si j'étais dans la politique.
OG : C'est la fin du monde, on attend quoi ? (cf: La fin des Temps)
JL : On attend en regardant Secret Story...C'est un constat d'inaction et d'impuissance, le monde qu'on a généré nous a dépassé. Je le fuis dans la musique et dans la création en général, c'est un bon refuge. Avec Carla on essaie de créer une oeuvre de a à z en composant les lumières, la mise en scène et les clips. On essaie de tout faire, même la partie production avec Vicious Circle (label) nous intéresse, on aime participer à l'ensemble du projet, c'est ce qui est intéressant.
OG : sur scène, quelle place donnez-vous à ce nouvel album ?
JL : On a beaucoup travailler pour respecter l'ambiance sombre. Cela ne sera pas festif, il n'y aura pas de fluo (rire), les gens ne vont pas frapper dans leurs mains, cela va à l'encontre de tout ce qui se danse. La tournée commence juste, donc on est encore un peu en phase de test, à Paloma cela sera seulement notre deuxième concert après Lyon.
OG : Pourquoi cette photo avec la tête d'Hygie ? Elle exprime quoi ?
JL : C'est un ami à nous, le photographe Théo Mercier qui a eu l'idée. Il voulait faire la pochette de cet album. Nous, on voulait quelque chose de minimaliste et classieux. Il nous a fait poser avec la déesse Hygie sans doute pour nous souhaiter le meilleur.
Ce soir à Paloma à partir de 20h : soirée "Où sont les femmes" : Laetitia Sheriff + Mansfield Tya + Maria Rockmore
Tarifs : de 9 à 15 €
Baptiste Manzinali
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