Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 13.06.2024 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 1243 fois

ASSISES Un accusé livre une nouvelle version 11 ans après : "Je venais braquer un bijoutier"

Sur les lieux de la tentative de flingage du parrain de Nîmes. Photo B.DLC

Hakim Mammad est le seul homme arrêté après les tirs sur un policier en février 2013.

Ce soir du 22 février 2013, des tirs ciblent un policier appelés par des voisins. Le tireur s'enfuit, mais un homme, Hakim Mammad, est arrêté quelques minutes après. C'est l'exploitation de son téléphone portable qui va impliquer les autres accusés présents en ce moment à l'audience de la cour d'assises. Lorsqu'il est interpellé, il dit immédiatement aux policiers : "Je suis juste le chauffeur." Depuis 11 ans, il livrait une version précise : il venait attendre, le visage dissimulé par une cagoule, le nouveau compagnon de sa copine. 

Une nouvelle version 11 ans après

"J'ai une déclaration à faire, est-ce que je peux demander 5 minutes car on tourne en rond depuis lundi et le début du procès", livre face à la présidente Dorlhac l'accusé de "tentative d'assassinat" sur Raymond Houlonne,le parrain de Nîmes, pour "association de malfaiteur" et pour "tentative de meurtre" sur un policier en intervention ce soir-là. Il ne désigne pas son complice. "Je ne donne jamais les noms, ce n'est pas mon habitude". Il prend la parole et livre "votre version", selon la présidente de la cour d'assises qui essaie de poser des questions précises. Pour l'accusé, 50 ans et un casier judiciaire fourni, il n'y a pas que Raymond Houlonne dans le secteur et ce dernier ne serait pas celui qui était visé ce soir-là. "Ce n'est pas parce que Raymond Houlonne habite là que les autres cessent de vivre", complète l'accusé... "Houlonne, il est plus protégé que le reine d'Angleterre (...) Je ne comprends pas qu'il soit autant protégé". Selon les propos de Hakim Mammad, ce jeudi 13 juin 2024, il venait "détrousser" un bijoutier qui vivait dans la même résidence que Raymond Houlonne. 

"C'est l'exploitation de votre téléphone qui amène à la mise en cause de toutes les personnes ici présentes", indique la présidente Laurène Dorlhac qui souhaite que cet accusé lui livre les noms de ses complices. "Je ne donne pas de noms, ce n'est pas mon habitude", insiste l'accusé qui donne une nouvelle version : "Je venais braquer un bijoutier." Mais il révèle aussi que trois hommes étaient sur ce parking de Vacquerolles afin de voler le bijoutier. 

"Avec cette nouvelle version, on peut légitimement se demander si elle est vraie ? Car vous avez livré plusieurs versions monsieur Mammad dans cette affaire", estime la juge. "C'est vraiment regrettable que vous n'ayiez pas indiqué cela avant car on aurait pu vérifier vos déclarations", complète la magistrate. "Vous vous moquez de nous monsieur, on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux (...) vous êtes à la limite de l'outrage monsieur, vos petits sourires, vos insinuations", affirme la présidente. 

"Les autres accusés présents ici n'étaient pas sur place le soir des faits", affirme Mammad qui blanchi les quatre autres accusés. "Mais alors comment pouvez-vous justifier que l'ADN de Belluire soit sur la portière et un fusil ?", interroge immédiatement l'avocat général Baboulène. "L'ADN transportable vous connaissez ? Ça existe", répond l'accusé qui fait face à ses contradictions. 

Juste après, c'est Jean-Baptiste Belluire, un casier à rallonge et une certitude pour lui : il est "victime des flics". Il s'approche des jurés et de la cour pour montrer à un mètre ses yeux. Un regard noir reconnu par le policier victime des tirs en ce mois de février 2013. Mais l'accusé nie tout et indique que c'est la police qui a mis son ADN sur les armes et la portière du véhicule.  

Un autre protagoniste était sur le grill des questions concernant les faits : il s 'agit de Khadir Djemel. Il est mis en cause pour avoir récupéré, le 22 février 2013, le tireur qui venait de faire feu sur un policier.

Un homme venu chercher le tireur

« Mais je n’ai rien à voir avec tout ça. On me reproche un sms et d’être allé récupérer un mec à Vacquerolles, c’est tout ». Son problème : il ne veut pas donner le nom de celui qu’il est allé récupérer cette nuit-là après avoir tiré sur un policier dans le quartier des hauts de Nîmes. « J’ai peur pour ma sécurité, j’ai des enfants vous comprenez ». Cet homme tenait un bar à chicha près de la gare de Nîmes et a déménagé rapidement après les faits pour vivre à Marseille. Il est mis en cause pour « tentative d’assassinat » et « association de malfaiteurs ». « Votre positionnement aujourd’hui est de dire que vous avez fui pour oublier cette affaire », résume l’avocat général Baboulène. S’il ne donne pas de nom, il affirme qu’il ne connaissait aucun des quatre autres accusés avant les faits à l’exception de Hakim Mammad qui venait dans son bar à chicha depuis « quelques mois ». Il dédouane à l’audience Belluire et Robert Alouache : « Je ne suis jamais allé les chercher ce soir-là, ce n’était pas eux. » 

Le procès se poursuit ce jeudi à 17h30 avec les interrogatoires de Richard Pérez et Robert Alouache mis en cause pour être les commanditaires ou les cerveaux de cette tentative d'exécution du parrain de Nîmes.

Boris De la Cruz

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