JUSTICE Un mariage forcé vire au drame
Un homme de 36 ans était jugé devant le tribunal de Nîmes ce vendredi pour avoir violenté sa femme à plusieurs reprises. Il lui interdisait de se maquiller, de travailler et de sortir.
Lors d’un mariage arrangé, la victime a été mariée à un homme de 36 ans au Maroc. Ils sont ensuite venus en France pour vivre ensemble. La jeune femme souhaite alors s’insérer dans la société et travailler, mais son mari ne veut pas. Elle a l’interdiction de sortir. Si elle désobéit, elle se fait frapper.
Le 2 juillet 2024, la jeune femme était en rendez-vous avec France Travail. En rentrant, elle entend son mari et sa belle-mère crier. Elle intervient et se fait frapper et insulter par son conjoint. La victime part sur le balcon, crie au secours et contacte la police. La mère de son mari court lui mettre la main devant la bouche en lui demandant d’encaisser les coups sans rien dire.
À 17 h 30, les forces de l’ordre arrivent au domicile et constatent des hématomes sur le corps de la victime, un coup à l'œil et à la lèvre. L’homme de 39 ans ne se calme pas et continue d’insulter et de menacer sa femme. Le prévenu est suivi par un psychiatre pour des problèmes mentaux, il est consommateur de cannabis. En garde à vue, il a reconnu les faits de violences.
Une audience sous tension
"Déjà le matin quand je l’ai vue se maquiller, je lui ai mis des tartes. Je parle avec elle, mais elle ne comprend pas. Elle me provoque, elle ne m’écoute pas. Ça fait deux ans que je ne dors plus avec elle, elle en fait qu'à sa tête”, explique le prévenu devant le tribunal correctionnel de Nîmes, ce vendredi 9 août.
"Madame a été contrainte de quitter le Maroc dans le cadre de ce mariage forcé. Elle est privée de ses libertés et vit sous une pression familiale. Sa belle-mère exerce des pressions psychologiques en lui disant que si elle parle, monsieur la frapperait. Elle est dans une grande détresse psychologique”, soutient Maître Morgante pour la partie civile.
Frédéric Kocher, procureur de la République, donne ses réquisitions : "L’expertise psychiatrique reconnaît la pleine responsabilité de monsieur dans ces actes de violences mais va souligner sa dangerosité. Si le couple devait rester ensemble, je crains malheureusement un drame. Elle est son bouc émissaire. Je requiers deux ans de prison dont 10 mois de sursis probatoire pendant trois ans avec obligation de soins et une interdiction de rentrer en contact avec la victime et de se rendre à son domicile. Je demande un maintien en détention compte tenu du risque de réitération des violences”.
"Décrire mon client comme une horrible personne, c’est inadmissible. Quand on le traite gentiment, il est calme mais si on le pousse à bout, il s’énerve. Je vous demande de ne pas le maintenir en détention”, plaide Maître Barakat pour la défense. Malgré sa demande, le tribunal de Nîmes condamne le prévenu à deux ans de prison dont 12 mois assorti d’un sursis probatoire pendant trois ans avec une obligation de soin, l’interdiction de prendre contact avec la victime et de se rendre à son domicile et le maintien en détention.
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