LE VIGAN La nuit d’horreur des paisibles retraités
Le 23 février 2018, après une soirée fortement alcoolisée, Julien s’est introduit dans le domicile d’un couple de retraités. Après une tentative d’étranglement, il est accusé d’avoir agressé sexuellement l’occupante des lieux, une septuagénaire, ce qu’il a toujours nié.
« C’est un dossier rare », résume Mélodie Fabre pour le ministère public. Effectivement, l’affaire ne ressemble à aucune autre : ni à un home-jacking, ni à un cambriolage, ni à un règlement de compte. C’est une histoire sans logique, sur fond d’alcool, avec comme protagonistes deux hommes de 34 ans qui n’avaient jamais fait parler d’eux. Ce 23 février 2018, après avoir enchaîné les verres chez un ami qui vit à Saint-André-de-Majencoules, Julien décide d’aller faire un tour dans les rues du village pendant que Brice, son ami d’enfance, l’attend dans la voiture pour rentrer. Mais au bout de quelques minutes, ce dernier entend des cris dans la nuit, s’en approche, et découvre Julien dans une propriété…
Quelques heures plus tôt, Guy, 78 ans, et sa femme Monique, 74 ans, viennent d’arriver dans leur résidence secondaire de Saint-André-de-Majencoules. Vers 23h30, fatigué, Guy monte se coucher. Mais au beau milieu de la nuit, il est réveillé par des bruits à l’extérieur, suivis rapidement par les cris de sa femme, restée au rez-de-chaussée, qui brise le silence de la nuit en hurlant : « il m’étrangle, il m’étrangle »…
Monique vit une scène digne d’un film d’horreur. Endormie sur son clic-clac, elle est réveillée par un homme qui surgit de la fenêtre. Quand elle ouvre les yeux, l’inconnu la fixe et, sans prononcer un mot, sans la moindre explication, il tente de l’étrangler. La retraitée se débat, mord la main de l’homme, mais celui-ci prend le dessus, la plaque contre le canapé et l’agresse sexuellement par une pénétration digitale très vite interrompue par une voix venue du jardin, celle de Brice qui lui dit : « arrête, arrête, ça suffit maintenant ». Les amis d’enfance, ivres, rentrent chez eux. Monique, elle, le visage tuméfié, reprend sa respiration et ses esprits : « j’ai cru que j’allais mourir », dira-t-elle à l’audience.
Des vidéos pornographiques violentes sur son téléphone
« Je voulais m’excuser parce que j’ai fait des choses horribles », commence Julien, jugé devant le tribunal correctionnel d’Alès ce vendredi matin, un peu plus d’un an après les faits. Le trentenaire, maçon de profession, père de deux enfants, au casier judiciaire vierge, ne parvient pas à expliquer son geste : « je ne comprends toujours pas pourquoi je suis rentré dans cette maison ». S’il reconnait la violation de domicile ainsi que les violences sur Monique, il nie formellement l’agression sexuelle : « je n’ai jamais voulu l’agresser ». Seulement, l’enquête a permis de démontrer qu’à cette époque Julien consultait régulièrement des vidéos pornographiques avec des mises en scène de viol, dont une vidéo qui présenterait de fortes similitudes avec les faits qui lui sont reprochés. « Il y a une thématique sur la pornographie violente. Ce qui vous procure du plaisir, c’est la sexualité non consentie », constate la juge Énora Laurent.
Un argument que rejette l’avocat de Julien, Maître Philippe Expert : « J’ai le sentiment qu’on lui fait un mauvais procès à cet égard. Il ne va pas se révéler prédateur sexuel à 35 ans (…) Ça ne peut pas être une agression sexuelle ». Le substitut du procureur, Mélodie Fabre, n’est pas du même avis : « on nous explique qu’en quelque sorte ses doigts auraient ripé ». Une thèse peu crédible pour elle à en juger par son réquisitoire : 4 ans de prison demandés avec mandat de dépôt. Ce qui signifie concrètement que Julien, qui comparaît libre après avoir passé un an en détention, pourrait repartir en prison dès la fin de l’audience.
Après quatre heures de débats, le tribunal rend sa décision. Brice, jugé pour non assistance à personne en danger, est condamné à un an de prison avec sursis et 800€ d’amende. Il promet qu’on ne le reverra plus. Julien, lui, est reparti avec les menottes au poignet : il a été condamné à quatre ans de prison et près de 8 000€ à verser à ses victimes qu’il ne devra pas croiser pendant trois ans à sa sortie de prison.
Tony Duret
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