Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 03.08.2024 - Stéphanie Marin - 3 min  - vu 3702 fois

FAIT DU JOUR Les Linsolas, fabricants de glaçons à Saint-Gilles depuis 1956, mais jusqu'à quand ?

Alexandre Linsolas, fondateur de la société de fabrication artisanale de pains de glace et de glaçons à Saint-Gilles, et son employé Jean-Philippe Tousche.

- S.Ma

C'est en 1956 qu'Alexandre Linsolas a créé sa société éponyme, spécialisée dans la fabrication artisanale de pains de glace et de glaçons. Stop ou encore ? Depuis quatre ans, l'activité fond comme neige au soleil, l'octogénaire n'a plus aucune certitude quant à sa pérennité. 

88 printemps, bientôt 89. Alexandre a traversé les époques, des tas d'anecdotes préciseusement conservées en mémoire. Celle que nous vivons en ce moment n'est pas, pour des raisons qui lui sont personnelles, sa préférée. Mais il s'en accommode, trouvant facilement refuge dans l'humour. "Ne l'écoutez pas, il ne dit que des bêtises !" Jean-Philippe Tousche, 60 ans, fait son entrée dans l'entrepôt situé au 34 quai du Canal à Saint-Gilles. L'employé aux faux airs du chanteur Cali et le père du patron - puisque l'entreprise est désormais gérée par Dominique Linsolas - échangent un regard rieur et complice. Le résultat de plus de 30 ans de collaboration, Jean-Philippe passera dans le camp des retraités dans le courant du mois d'octobre.

La machine servant à la production des pains de glace est à l'arrêt depuis trois ans • S.Ma
 

Qu'adviendra-t-il de son poste ? "Tout dépendra du niveau d'activité de l'entreprise, répond Alexandre. Telle qu'elle est aujourd'hui, ce n'est pas encourageant." Et le même de se reprendre : "Vous pouvez écrire que si les gens veulent des glaçons nous pouvons les fournir rapidement !" Preuve en est, s'il en fallait une, que cette entreprise se battra jusqu'au bout. "C'est toute ma vie", insiste son fondateur.

Cette aventure a commencé en 1956 lorsque ce petit-fils et fils de commerçants à Saint-Gilles se lance dans la production de pains de glace. "À l'époque, il y avait une forte demande, les maisons n'étaient pas équipées comme aujourd'hui. On coupait la glace en morceaux de trois kilos, on allait en camion sur les bords de plage au Salin-de-Giraud, aux Saintes-Maries-de-la-Mer... Vous n'avez pas connu ce temps-là vous, si ? On pouvait circuler, maintenant tout est fermé. Les gens remplissaient leur glacière, on approvisionnait ceux en caravane etc.

"Avant pendant quatre mois, on ne touchait pas terre"

Au fil du temps, le carnet d'adresses s'est noirci : des campings, des cafés, des épiceries, des manades même, les comités des fêtes jusqu'à Mauguio. La société saint-gilloise fournissait des dépôts à Remoulins, à Uzès, en plus des particuliers. "Des camions de livraison de viande en provenance de Brive-La-Gaillarde jusqu'à Marseille, s'arrêtaient à Saint-Gilles pour récupérer de la glace", se souvient Alexandre Linsolas.

La production atteignait les 16 tonnes de glace par jour, les machines d'abord manuelles puis mécaniques tournaient à plein régime. Les deux chambres froides se vidaient aussi vite qu'elles se remplissaient. "J'avais sur ma tournée 80 clients, aujourd'hui il ne m'en reste plus que deux, témoigne Jean-Philippe. Avant pendant quatre mois, on ne touchait pas terre, à partir du 1er mai lors de auto-cross de Bellegarde jusqu'aux fêtes des caves coopératives en septembre et du lundi au dimanche, jours fériés compris.

Les glaçons sont conditionnés en sachets de deux, trois ou dix kilos. • S.Ma

Plusieurs facteurs expliquent ce déclin enclenché il y a cinq ans en arrière et intensifié avec l'appartition du covid-19. Le déploiement de grandes usines de production à l'étranger - la plus importante se trouve en Espagne et exporte jusqu'à 5 000 tonnes de glaçons par an en France -  mais aussi celle des distributeurs à glaçons aux abords des grandes surfaces. "Et puis, dans les villages maintenant les cafés se font rares, les manades font de moins en moins de ferrades... Bref aujourd'hui, on fait souvent appel à nous pour du dépannage", regrette l'octogénaire. 

Conséquence de quoi, l'immense machine servant à la production des pains de glace est à l'arrêt depuis trois ans. Quant à celles utilisées pour la fabrication des glaçons, elle ont diminué de moitié. "Une machine produit 7 kilos de glaçons toutes les 20 minutes. Il y a 15 ans en arrière, on en faisait tourner quatre et on ne tenait pas la distance", se souvient Jean-Philippe. Les glaçons sont conditionnés en sachets de deux, trois ou dix kilos et placés dans un congélateur à -12°C en attendant de trouver preneur. 

Stéphanie Marin

Nîmes

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