Publié il y a 18 jours - Mise à jour le 25.08.2024 - Anthony Maurin avec la Direction des affaires culturelles de Nîmes - 9 min  - vu 513 fois

NÎMES Ici aussi saint Jacques de Compostelle a son chemin

Le chemin de Compostelle via Nîmes où, au sol, sont apposés des clous rappelant l'itinéraire à suivre (Photo Archives Anthony Maurin).

Voici l’itinéraire nîmois du chemin religieux et spirituel.

Gérard Lattier (Photo Archives Anthony Maurin)
L'artiste Gérard Lattier évoque le chemin de Saint-Jacques. Bien ancré en local, le saint a l'un de ses chemins qui passe par Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)

Il y a encore vingt ans de nombreuses personnes s’engagent sur le chemin de Compostelle. Ainsi, près de 200 000 pèlerins, ont été recensés à Compostelle. Les motivations sont diverses et correspondent à des besoins, intérêts et recherches personnelles des hommes dans la société actuelle. Le chemin est aussi suivi par des randonneurs ou des amateurs d’art roman.

Nîmes en a gardé quelques doux stigmates. Sur le chemin, plusieurs signes indiquent la route à suivre comme les flèches jaunes sur tout support, les coquilles jaunes sur carreau de céramique bleue, la signalétique européenne ou encore le clou représentant la coquille de Saint-Jacques. La coquille ? Comme témoignage de leur voyage, les pèlerins fixaient à leur manteau ou leur chapeau des coquilles de pectens, nommées par la suite coquilles de Saint-Jacques !

Calme et sérénité pour la Maison Diocésaine, temporalité et enjeux à venir pour les jeunes catholiques gardois (Photo Anthony Maurin).

Daniel Jean Valade et Jean-Paul Fournier, ancien adjoint à la culture et actuel maire de Nîmes l’évoquaient. « Nîmes s’affirme depuis plus de vingt siècles comme carrefour sur la façade méditerranéenne de l’Europe. La Via Domitia relie notre métropole gallo-romaine tant à l’urbs qu’à l’Espagne. Les hommes, les idées, les marchandises… Ces trois vecteurs majeurs de civilisation trouvèrent là une artère unissant des relais fondamentaux de la Pax Romana. Le christianisme venu, et avec lui le culte de Saint-Jacques, Nîmes a tout naturellement joué un rôle essentiel sur le fameux Chemin. »

La ville de Saint-Castor (qui, avec Notre Dame est vénéré dans la Cathédrale consacrée en son temps par le Pape Urbain II) témoigne d’une tradition ainsi d’accueil des pèlerins, notamment de ceux venus des contrées nordiques de l’Europe. Ainsi ces marcheurs découvraient-ils la Rome française du haut de la colline où, comme l’écrira plus tard le Prix Nobel de littérature Frédéric Mistral : « Le Saint Signal est fait ».

Et les édiles de reprendre, « Ils y côtoyaient aussi ceux qui, s’écartant un instant de la Via Tolosana dont Saint-Gilles est ici l’emblème, avaient à cœur de visiter les vestiges romains. Aujourd’hui, Nîmes s’affirme comme lieu de convergence d’un tourisme culturel d’extrême qualité. Baliser le Chemin de Saint-Jacques contribue à la réputation de notre cité, fière de ce passé qui, comme aujourd’hui, donne son âme à l’avenir. »

Jacques, évangélisateur de l’Espagne, fait partie des premiers disciples du Christ. En 42, il retourne en Palestine où il est arrêté et condamné à mort. Jacques devient alors le premier apôtre martyr. Selon la légende, le savant Hermogène, et son disciple Philétus, auraient enlevé le corps du martyr pour le déposer dans une embarcation laissée à la dérive, entre les mains de la divine Providence. Ainsi, le corps du saint échoue sur les rives de la Galice où il est enterré.

Saint-Jacques de Compostelle Saint-Gilles (Photo Archives Anthony Maurin)
Ici à Saint-Gilles, Saint-Jacques de Compostelle a son clou (Photo Archives Anthony Maurin)

En 835, l’évêque de l’Ira-Flavia, Théodomire reconnaît le tombeau, découvert par l’ermite Pelagius comme celui de l’apôtre Jacques. D’après la légende, Pelagius a trouvé la sépulture guidé par une étoile, d’où le nom de Compostelle, campus stellae, le champ de l’étoile. À cette époque, la plus grande partie de l’Espagne appartient encore à l’Emirat de Cordoue.

De petits Etats indépendants chrétiens se maintiennent dans le Nord. Ayant compris l’importance et les conséquences d’une telle découverte pour la reconquête chrétienne de la péninsule ibérique, le roi Alphonse II des Asturies y fait construire une église. Ainsi débute le pèlerinage qui est à l'origine de la ville de Compostelle et qui se répand en Europe au cours des Xe et XIe siècles.

Le chemin de Compostelle via Nîmes où, au sol, sont apposés des clous rappelant l'itinéraire à suivre (Photo Archives Anthony Maurin).

En 1121, le pape Calixte fait de Compostelle une ville sainte comme Rome et Jérusalem et fait bâtir la cathédrale pour y recueillir les reliques. Afin d’assurer la dévotion de l’apôtre il suscite l’écriture du Codex Calixtinus.

Compostelle constitue avec Rome et Jérusalem un des lieux hautement symboliques de la chrétienté, aboutissement des trois plus importants pèlerinages du moyen-âge. Le pèlerinage vers Compostelle connaît son apogée tout au long du XIIe siècle, période qui marque également l’essor de la ville.

S’affaiblissant à l’époque moderne le sanctuaire ne recevait presque plus de pèlerins au XIXe siècle. Le mouvement est relancé notamment par les actions du pape Léon XIII, qui reconnaît l’authenticité des reliques en 1884, et le pèlerinage du pape Jean-Paul II à Compostelle en 1982.

Le temple de Diane était peut-être en son temps un lieu de repos pour les pélerins nîmois (Photo Archives Anthony Maurin).
Le temple de Diane était peut-être en son temps un lieu de repos pour les pélerins nîmois (Photo Archives Anthony Maurin).

Les sources historiques connues attestant l’étape de Nîmes sur le pèlerinage sont rares. Quelques documents d’archives mentionnant cependantNîmes, comme étape entre Uzès et Montpellier, sur le pèlerinage vers Compostelle. On les retrouve dans « Le pèlerinage et le chemin de Saint-Jacques de Compostelle » de Hermann Künig Von Vach, imprimé à Strasbourg en 1495. « Carta Itineraria Europae » de 1520 du moine et cartographe allemand Martin Waldseemüller.

Le livre des pèlerins de Saint-Jacques de la confrérie nîmoise du XIVe siècle. L’étape de Nîmes se situe sur l’Oberstraße, littéralement la route du haut, qui part de Cologne en Allemagne, traverse la Suisse, passe par Nîmes et Montpellier et se divise en deux voies à Béziers : une pour Barcelone et l’autre vers Saint-Jacques de Compostelle en passant par Toulouse, la Via Tolosana. À partir du Rhône l’Oberstraße devient le chemin des Helviens. La voie Régordane rallie également Nîmes au Puy-en-Velay.

L’itinéraire nîmois

L’itinéraire proposé est un parcours contemporain. Les changements du paysage urbain, qui ont transformé la ville au cours des siècles et l’absence de sources historiques explicites ne permettent pas de retracer le chemin des pèlerins au moyen-âge dans la ville actuelle.

L'hôtel Dieu de Nîmes a abrité un hôtpital puis la CCI du Gard (Photo Archives Anthony Maurin).

Au XIIe siècle, les pèlerins sont accueillis dans un hôpital Saint-Jacques, installé à l’extérieur des remparts de la ville. De 1484 à 1660, l’accueil des pèlerins de Saint-Jacques se faisait à l'hôtel Dieu, l'ancien hôpital Ruffi que les consuls de Nîmes achètent pour y regrouper plusieurs hôpitaux de la ville. Il ne reste rien des bâtiments médiévaux détruits pendant les guerres de religion. L'hôtel-Dieu est reconstruit à la fin du XVIe siècle et sera agrandi à plusieurs reprises jusqu'au XIXe siècle.

Sur l’étape d’Uzès à Montpellier, l’arrivée à Nîmes est marquée par cette puissante tour octogonale, vestige du rempart de la ville romaine. Construite vers 16/15 av. J.C. autour d’une tour gauloise en pierres sèches, la tour romaine se composait de trois niveaux distincts au-dessus d’un soubassement.

La Tour Magne (Photo Anthony Maurin).

Tour de guet, signal de la ville au loin, elle indiquait également le sanctuaire antique dédié au culte impérial au pied de la colline, près de la source des Jardins de la Fontaine. Aujourd’hui la tour gauloise, qui occupait en partie l’intérieur, ainsi que le dernier étage ont disparu. Malgré cela, la tour Magne s’élève encore à une hauteur de 32 mètres et offre de sa terrasse une vue imprenable sur la ville.

En descendant la colline plantée au XIXe siècle sur l’initiative du maire Cavalier et du préfet Haussez le pèlerin ou le promeneur arrive dans la partie basse des jardins, aménagée au XVIIIe siècle par Jacques-Philippe Mareschal, ingénieur du roi et directeur des fortifications du Languedoc.

La réalisation de Mareschal intègre dans la composition d’un jardin à la française les vestiges du sanctuaire (bassin de la source, nymphée) mis à jour à l’occasion de travaux de régularisation du cours d’eau alimenté par la source.

Jardins de la Fontaine Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
Jardins de la Fontaine Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)

Transformé au Xe siècle en chapelle du couvent des ursulines, le temple de Diane a été détruit pendant les guerres de religion à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle.

Longeant le canal de la Fontaine construit au XVIIIe siècle par Jacques-Philippe Mareschal le quai constitue une transition entre le havre de paix que sont les Jardins de la Fontaine et l’animation du centre-ville, deux mondes complémentaires et opposés. Ce square est construit en 1862 à l'emplacement d’un lavoir couvert sur les plans de l’architecte Henri Revoil. Revoil a également dessiné les élégantes grilles en fer forgé, réalisées par un serrurier nîmois, Marius Nicolas.

Le Square Antonin (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Au centre du square s’élève une statue de l’empereur romain Antonin le Pieux (86 – 161 ap. J.C.), dont la famille est originaire de Nimes. C’est une œuvre du sculpteur nîmois Auguste Bosc, élève de Paul Colin et de James Pradier.

Percée au début du XIXe siècle, cette rue révèle la Maison Carrée. L’alignement des façades est rythmé par des arcades rappelant celles des Arènes et donne à cette rue un caractère empreint de romanité.

Inspirée par les temples d’Apollon et de Mars Ultor à Rome, la Maison Carrée a été construite au début de notre ère. Avec le Panthéon à Rome c’est le seul temple du monde antique entièrement conservé. Elle doit son exceptionnel état de conservation à une utilisation sans interruption attestée par des documents d’archives depuis le XIe siècle : maison particulière, église des Augustins depuis1691, siège de la première préfecture du Gard après la Révolution Française, elle abrite ensuite les archives départementales, puis le premier musée de la ville. La place a été réaménagée en 1993 par l’architecte du Carré d’Art, Lord Norman Foster, afin de créer une unité spatiale entre les deux édifices.

Créée au XIXe siècle, cette rue commerçante et passante se caractérise par une architecture d’esprit haussmannien et une organisation traditionnelle des immeubles. Alors que les commerces au rez-de-chaussée animent la rue, les étages supérieurs sont réservés à l’habitat.

La rue Général Perrier (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Le nom de la rue rend hommage au Général Perrier, directeur du Conseil général du Gard de 1883 à 1888. Important axe nord–sud de la ville médiévale, ce nom rappelle la présence de marchands et banquiers italiens, qui s’installent à Nîmes au XIIIe siècle.

Sur cette place, devant la cathédrale, avait lieu autrefois le marché aux herbes, c’est-à-dire le marché de légumes. Elle perd cette fonction à partir de 1881, date de la construction des Halles. Aujourd’hui, la place accueille uniquement des stands lors des manifestations temporaires : braderies, marché artisanal des jeudis du Nîmes, marché de Noël... Elle reste cependant un lieu de passage et de convivialité.

La cathédrale Notre Dame et Saint-Castor de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Consacrée en 1096 par le pape Urbain II, la cathédrale Notre Dame est dédiée par la suite également à Saint Castor, natif de Nîmes et évêque d’Apt au IVe siècle.

Sur la façade de l’église, reconstruite au XVIIe siècle, il faut remarquer la frise sculptée composée exclusivement de scènes de l’ancien testament. Seules les six premières scènes sont d’origine Romane. Le péché originel, Dieu réprimant Adam et Eve, Adam et Eve chassés du paradis, le sacrifice de Caïn et Abel, le meurtre d’Abel.

Détail de la frise du XVIIe s. Noé fait entrer les animaux dans l'arche. (Photo Marie Rochette Inrap)

A l’intérieur on découvre une église à nef unique couverte de voûtes d’ogives et flanquée de chapelles surmontées de tribunes. Elle abrite des tableaux de plusieurs maîtres régionaux : Xavier Sigalon, Melchior Doze et Renaud le Vieux.

Petite rue au tracé sinueux, c’est une des principales rues commerçantes de la ville depuis le moyen-âge. Au n° 10 se situe une des plus belles façades médiévales, datant de la fin du XVe siècle. Un peu plus loin, au n°17, se remarque sur un immeuble du XVIIe siècle un riche décor inspiré par l’architecture de la Renaissance.

Dans cette rue était située depuis le XIIIe siècle la trésorerie royale. En 1699, les consuls de la ville achètent le bâtiment pour le transformer et y installer le nouvel hôtel de ville.

De l’ancienne trésorerie subsistent encore une façade avec deux grandes fenêtres à meneaux encadrée de colonnes et une porte en arc brisé.

L'horloge Jacquemart de Nîmes
L'horloge Jacquemart de Nîmes • Noémie Meger

Cette petite place ensoleillée fait office de parvis à l’hôtel de ville. Le Jacquemart en face, qui sonne les heures, était l’enseigne d’un horloger installé jadis au rez-de-chaussée de cette maison dont la façade a été refaite au XIXe siècle.

Son décor composé de têtes de sanglier, loup, chien et de fusils, elle a appartenu à un armurier lui vaut à Nîmes l’appellation « Maison de Tartarin ». Il semble qu’Alphonse Daudet s’en soit inspiré pour décrire le lieu des réunions des chasseurs dans « Tartarin de Tarascon ».

L’horloge du Jacquemart était réglée sur la méridienne (cadran solaire donnant l’heure de midi) gravée sur la façade de l’hôtel de ville. Il a été édifié entre 1700 et 1703 sur l’emplacement de la trésorerie du roi par Charles Augustin Daviler, architecte du roi, assisté par le nîmois Jacques Cubizol.

L'amphithéâtre de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

La composition des façades aux lignes équilibrées, sur rue et dans la cour d’honneur, est conforme aux principes de l’architecture classique à l’époque de Louis XIV. La sculpture installée dans la cour est une réalisation de l’artiste contemporaine grec Takis.

Cet axe très commerçant et passager relie la place de l’Horloge aux Arènes. Sur le chemin, près du Palais de Justice moderne, se trouve la curieuse statue de l’homme aux quatre jambes qui n’est qu’unassemblage de différents fragments antiques en remploi.

Construit à la fin du Ier siècle après J.C., l’amphithéâtre de Nîmes est un des mieux conservés du monde romain. Conçu pour les combats de gladiateurs et les chasses d’animaux, l’édifice a retrouvé sa fonction de lieu de spectacle au XIXe siècle après le déblaiement des constructions diverses (château, maisons, églises) qui l’ont progressivement envahi depuis la fin de l’antiquité.

Situé à l’extérieur du rempart, l’espace est aménagé en promenade surélevée, plantée d’ormes en 1643. L’Esplanade jouait le rôle de limite entre campagne et ville jusqu’au XIXe siècle. La destruction des remparts après la Révolution et la construction de la gare pour la ligne Nîmes-Montpellier en 1842 entraînent l’urbanisation des terrains au sud de la ville.

L'Esplanade et la Fontaine Pradier (Photo Archives Anthony Maurin).

La municipalité décide alors d’embellir cette nouvelle entrée dans la ville par une fontaine monumentale. Conçu par l’architecte Charles Questel, elle est réalisée par un sculpteur de renom du XIXe siècle, James Pradier. Sur les côtés de l’Esplanade se trouvent le Palais de Justice, bâti entre 1838 et 1846 par l’architecte du département Gaston Bourdon, et l’église Sainte Perpétue, construite entre 1852 et 1864 par l’architecte Léon Feuchère.

Pour aller jusqu’à la Maison diocésaine, n° 6 rue Salomon Reinach, il faut ensuite suivre la rue Monjardin, traverser le boulevard Talabot et continuer dans la rue Paul Painlevé, passer la rue Sainte-Perpétue pour arriver à la rue Salomon Reinach.

Cadre prestigieux pour des concerts, spectacles de danses et autres manifestations, l’amphithéâtre est notamment le cadre des courses de taureaux et des corridas durant les célèbres ferias de Nîmes.

Anthony Maurin avec la Direction des affaires culturelles de Nîmes

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