NÎMES La laïcité au coeur des collectivités, comment ça marche ?
Dans le cadre de la Journée de la laïcité, Nîmes métropole organisait, en collaboration avec la ville de Nîmes, et le Centre de gestion du Gard, une matinée spécifique au cœur de l’hémicycle de la collectivité.
Au programme ? Une conférence et le thème "Laïcité et neutralité dans l’action publique territoriale." Après le café d’accueil, place aux prises de paroles officielles puis à la conférence suivie d'un échange entre les 80 personnes en présence, les 80 en visio et les orateurs.
Appliquer les lois successives sur la laïcité n'est pas chose aisée quand on est une collectivité. Une telle matinée d'échanges devait servir à remettre les choses sur les bons rails, ceux de la loi, du Droit. Et quoi de mieux qu'une conférence menée par le génial maître Samuel Dyens ?
Franck Proust, président de Nîmes métropole, prend la parole : "La laïcité est gravée dans l’article 2 de la constitution de 1958. Dans le contexte de la France de ces dix dernières années, le Gouvernement veut en terminer avec l’impuissance. Ainsi, la loi du 24 août 2021 conforte et renforce le principe de neutralité et forme les agents au principe de laïcité. Des référents sont ainsi nommés. Nous avons fait un état des lieux de la laïcité à l’Agglo et nous avons présenté une charte en juin dernier. Dans le showroom du Colisée, nous avons organisé une exposition sur la laïcité. Le combat pour le respect de la laïcité ne doit pas être celui de la naïveté et du déni de la réalité de nos origines et nos cultures."
Julien Plantier, premier adjoint maire de Nîmes et qui connaît un peu le Droit, pose d'autres enjeux : "C’est un des grands principes de notre vie comme garantie du bien vivre ensemble. La tension véhiculée par ce principe explique qu’il existe presque autant de conceptions que de courants politiques ou doctrinaux. Les contours de la laïcité restent complexes. Les atteintes à la laïcité se sont multipliées à l’école et plus globalement dans les services publics. C’est quotidien ! La seule sphère publique ne suffit pas. Le législateur multiplie les textes normatifs, cette journée est l’occasion d’une pédagogie de la laïcité. Nous sommes dans un monde d’information et de désinformation. Notre laïcité n’est pas une laïcité de confrontation, l’État est, comme le disait Aristide Briand, areligieux."
Fabrice Verdier, président du Centre de gestion du Gard, poursuit : "Chacun se rend compte que nous touchons à quelque chose d’essentiel. La Laïcité n’est donc pas une option et doit se transmettre proactivement. Depuis les lois Ferry de 1882 jusqu’à celle de 2021, le débat n’est jamais tari. Le Centre de gestion est désormais investi d’une nouvelle mission : accompagner les collectivités dans cette démarche de conseil sur la laïcité pour les agents comme pour les administrés. Dyens va évoquer son application par les agents publics au sein des collectivités locales. Le silence de nos institutions sur ce principe ferait la part belle aux extrémités de tout bord. Nous devons rester fermes, la laïcité ne saurait être dévoyée, faisons-en une réalité concrète, je ne doute pas de votre engagement à venir."
Puis, Samuel Dyens, maître de conférence et avocat au barreau de Nîmes lance les débats avant un temps d’échange avec la salle, mais aussi avec le public présent en visioconférence. "La laïcité est brouillée, le but est d’apporter de la clarté, de la lumière. La laïcité, juridiquement elle est une. Y a-t-il manière à la réformer ? Est-elle applicable en l’état ? L’essentiel est que vous sachiez que nous sommes dans un état de droit et que les règles doivent être posées. Vous avez à arbitrer certain nombre de situations au quotidien, ma mission du jour est qu’on sache, entre nous de quoi on parle. Ensuite vous ferez votre œuvre citoyenne. La question n’est pas nouvelle et cela nous révèle que nous savons déjà pas mal de choses. Mais, un pays qui oublie son passé n’a pas d’avenir disait Churchill, alors n’oublions pas le passé de la laïcité dans notre pays. La laïcité est avant tout une liberté de conscience, de croire ou ne pas croire. L’État n’a pas à s’immiscer dans cela mais chacun doit se respecter. Cette liberté de conscience est garantie par la République via l’ordre public et son respect. L’ordre public n’est pas une liberté ! C’est le terreau fertile qui permet à chacun d’exercer sa liberté. Chêne dans son principe, roseau dans son application...."
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