INTERVIEW Le président de la chambre d'agriculture dit "oui" au golf de St-Hilaire
Le quatrième vendredi de chaque mois, Radio Grille Ouverte anime une émission dédiée à l’actualité, avec un invité fil rouge interrogé par les médias locaux que sont RGO, Midi Libre, Radio Totem, et Objectif Gard. Jeudi dernier, c’est Dominique Granier, président de la chambre d'agriculture du Gard, qui répondait aux questions des journalistes.
Les journalistes : Comment se porte l'agriculture dans le Gard après les récoltes de septembre ?
Dominique Granier : Je suis un président heureux car l'année 2015 a été bonne. Malgré la grêle, une mauvaise saison pour les melons et le black-rot qui a causé la perte de dizaines de milliers d'hectolitres, la ferme Gard se porte globalement mieux qu'en 2014.
LJ : On assiste chaque année à des rendements en "yo-yo". Le réchauffement climatique est-il en cause ?
DG : Les cultivateurs sont les plus grosses entreprises à ciel ouvert. Le temps qui n'est pas bon, c'est le temps qui dure, comme disaient les anciens. Il faut que soit ni trop mouillé, ni trop sec. Mais oui, le climat change. Je vendange depuis 30 ans et elles ont avancé d'un mois depuis les années 80. Il faut se préserver de ces aléas. Je suis un fervent défenseur de l'irrigation raisonnée et du stockage de l'eau, qu'on peut détourner du Rhône. Georges Frêche et Damien Alary l'ont bien compris avec le tuyau Aqua Domicia qui irrigue le territoire.
LJ : Où en est-on sur l'irrigation ?
DG : Ce n'est ni Bruxelles, ni Paris qui va décider. Il y a l'exemple des producteurs d'oignon doux qui, aidés par l'UE, stockent l'eau dans des bassines recouvertes de bâches en plastique. Ils s'en servent à partir du 15 juillet. Je suis également pour la construction de barrages, car ce sont des retenues d'eau.
LJ : Sur ce point, le projet de golf de St-Hilaire risque d'être énergivore. Comment vous positionnez-vous ?
DG : On a travaillé avec l'agglo d'Alès qui va construire une retenue d'eau. Ces terres ne sont pas bonnes, on ne peut y faire que de la vigne. Avec ces retenues, on pourra aussi faire des légumes. Ils vont prendre du terrain pour faire le golf mais la surface est limitée. Ça aurait été 100 ha de moins pour les agriculteurs, je n'aurais pas eu le même discours. Nous ne donnerons notre accord que s'il y a retenue d'eau.
LJ : L'agriculture gardoise a aujourd'hui besoin de se diversifier pour se développer. Le thym pousse naturellement en garrigue et la demande existe. On manque simplement de producteurs. Comment faites-vous avancer ce dossier ?
DG : La société Arcadie, installée près d'Alès, a boosté la production, car il fallait s'approvisionner à proximité. Il y a donc du thym et on travaille en partenariat avec la CCI sur ce dossier. Mais le thym aussi commence à avoir besoin d'eau. Le changement climatique a des conséquences sur tout. Ce n'est donc pas si simple.
LJ : Où en sont les conversions en bio dans le Gard ?
DG : Nous sommes le 3e département de France sur le bio. Ça progresse sur les fruits et légumes, mais il y a eu un coup d'arrêt sur le vin à cause du black-rot. Il faut que la recherche se développe car le bio est plus dur et plus cher. Notamment sur les traitements. On dit que le bio ne se traite pas mais c'est faux. Il se traite avec du cuivre et du souffre.
LJ : L'agriculture raisonnée n'est-elle pas un "cache-sexe" pour parler d'intensif ?
DG : Non. Avec l'agriculture raisonnée, on a divisé par deux les pesticides et par trois les herbicides. On fait partie d'un système économique et on ne peut le nier. Il faut donc trouver un équilibre pour mêler bio et économie.
LJ : Question incontournable, les maladies qui touchent les oliviers, les châtaigneraies. Comment agir ?
DG : L'an dernier, l'olivier n'a rien rendu. Il faut développer la recherche. L'un de mes amis de l'Hérault, qui pratique le bio, les a traité avec de l'argile et a réussi à sauver 30% de sa récolte. En agriculture raisonnée, un autre a tout perdu. Tout évolue et même le round'up ne fait plus rien. Sur les châtaignes, ça ne va pas du tout. Il va falloir se donner les moyens, sinon les Cévennes vont mourir.
LJ : Un dernier mot sur le drive fermier, lancé la semaine dernière à Nîmes et Alès. Jusqu'où comptez-vous les développer ?
DG : On a des produits locaux remarquables et le drive fermier est bien parti. Pour la première semaine, on a déjà reçu 3000 € de commandes. On ne vendra pas tout le Gard en drive mais on espère bien le développer.
Ecouter l'émission :
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