FAIT DU JOUR Agressions de pompiers : prévenir plutôt que guérir
En 2018, 66 sapeurs-pompiers gardois ont été agressés (agressions physiques, verbales, entraves aux secours, atteintes des véhicules par projectiles). Des chiffres qui restent stables en 2019, selon le Commandant Éric Agrinier, porte-parole du service départemental d'incendie et de secours du Gard (Sdis 30).
« Il y a toujours eu, et ce partout en France, des situations délicates lors des interventions. Des tensions, des accrochages, des insultes voire des agressions, témoigne le Commandant Éric Agrinier, responsable du Groupement citoyenneté-volontariat-communication au Sdis 30. Mais pendant de longues années, je crois que la profession l’admettait. » Les risques du métier, pour ainsi dire, qui pouvaient nécessiter l’intervention des forces de l’ordre. Mais la récurrence de ces phénomènes de violence allant jusqu’au guet-apens, a déclenché une prise de conscience et un recul du seuil de tolérance pour en arriver à ce leitmotiv : « Ne plus rien laisser passer ».
Des procédures déclenchées moins d’une fois par mois dans le Gard en 2019
Les Sdis, afin de garantir l’intégrité et la prise en charge des sapeurs-pompiers en opération, se sont ainsi dotés depuis deux ans de procédures pour outrage, violences et menaces comprenant un volet juridique avec un dépôt de plainte systématique du Sdis accompagné, pour les pompiers agressés qui le souhaitent, d’une plainte à titre individuel. En 2019, dans le Gard, où près de 63 000 interventions, toutes opérations confondues, ont été réalisées par les sapeurs-pompiers - soit une toutes les neuf minutes environ – ces procédures ont été déclenchées moins d’une fois par mois. « Une donnée stable par rapport à 2018 », précise le Commandant Éric Agrinier.
Dans les faits, les violences verbales sont les plus fréquentes et ce dès la première prise de contact au centre d’appels du Sdis basé à Nîmes. Un sort qui n’est pas réservé aux pompiers. « Tous les services publics y sont confrontés, les professeurs comme les conducteurs de bus ou encore les forces de l’ordre et les pompiers aussi, tient à préciser le porte-parole du Sdis 30. La société devient de plus en plus dure. Les citoyens sont de manière générale de plus en plus demandeurs et agressifs. » Une agressivité qui est souvent le résultat d’un stress important ressenti face à une situation d’urgence et avec laquelle les opérateurs doivent malgré tout composer pour permettre l’intervention des secours. Mais pas question de pointer du doigt les réactions des concitoyens « qui n’ont pas notre degré d’acceptation du stress face à une urgence ». La solution n’est pas dans le jugement donc mais dans la prévention, l’information.
Un volet prévention efficace
Il y a 20 ans, un premier sapeur-pompier professionnel était détaché dans les quartiers de Nîmes prenant ainsi le rôle de médiateur. Une première pierre posée pour la construction de la cellule de médiation urbaine départementale telle qu’elle existe aujourd’hui, en partenariat avec des associations de quartiers et des établissements scolaires. Cette cellule compte une vingtaine de personnels professionnels ou volontaires dans ses rangs, dispersés dans les quartiers de Nîmes, d'Alès, de Bagnols-sur-Cèze et bientôt d’autres à Vauvert, Saint-Gilles et Beaucaire. Le Commandant Agrinier refuse la stigmatisation de ces quartiers, « d’ailleurs les agressions se produisent le plus souvent à l’extérieur. Nous intervenons dans ces quartiers-là parce qu’il y a en proportion davantage de personnes en difficulté sociale ».
« Apaiser de potentielles tensions tout en restant proche des concitoyens »
Au fil de leurs interventions, les pompiers expliquent leur métier, inculquent les valeurs de la sécurité civile, ce que sont le 17, le 18, le 112, le 15, expliquent la manière de s’en servir et donnent les bons renseignements à communiquer pour que les secours soient adaptés à la situation décrite et permettre leur arrivée le plus rapidement possible. Un dispositif indispensable pour « apaiser de potentielles tensions tout en restant proche des concitoyens ». Et pourquoi pas susciter des vocations ?
Stéphanie Marin
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