ÉDITORIAL La voie sans issue ?
La France ne sera plus la même pour longtemps. Mais c'est certainement à un pays différent qu'aspirent les électeurs...
Il n'est pas nécessaire de faire des analyses poussées pour comprendre le phénomène qui touche la France comme plusieurs pays européens : les nationalistes prennent le pouvoir. Comment l'expliquer ? Le covid peut être la première explication. Peu de monde en parle, mais quatre ans après, la pandémie mondiale a obligé les pouvoirs à prendre des décisions brutales, choquantes, inexpliquées pour beaucoup. La plus difficile : les contraintes de libre circulation. Tout cela a entraîné une vague de complotistes de toutes sortes et d'angoisse aussi dans la population. La perte de confiance envers l'autorité a perturbé durablement. La guerre en Ukraine par l'invasion en Russie a fait ressurgir une nouvelle appréhension. Le bruit des bottes est à nouveau une réalité européenne. Et l'engagement de la France, le courage du chef de l'État s'est retourné contre lui. Pourquoi demande-t-on de faire des efforts aux Français alors que l'on verse des millions voir des milliards aux Ukrainiens, entend-on depuis des mois ? Enfin, et ce sont probablement les conséquences catastrophiques de la mondialisation qui ont explosé à la figure des démocraties. Le déclassement social, la baisse des revenus, la concurrence déloyale, l'apport de population étrangère économique ont fini par désespérer. Il y a pourtant des réponses raisonnables et raisonnées. Il y a des mesures fortes qui ont permis de répondre à ces défis, que ce soit la covid, l'Ukraine ou la mondialisation. Mais pas suffisamment vite. Pas suffisamment concrètes. Et de façon égoïste sûrement, les peuples ne veulent pas s'y résoudre et préfèrent suivre des chimères sans connaître avec certitude le lendemain. Comme une voie de secours, les Français ont dit hier soir leur volonté d'essayer ce chemin. Cette semaine, des poches de résistances tenteront de faire revenir à la raison ceux qui ne mesurent peut-être pas complètement ce qui les attend. Est-ce qu'ils seront écoutés ? Ou à l'inverse, comme en Italie, en Hongrie, aux Pays-Bas, les Français préfèreront, convaincus, confirmer leur choix de premier tour ? Une chose est sûre : la France ne sera plus la même pour longtemps. Mais c'est certainement à un pays différent qu'aspirent les électeurs... Il suffit de voir le niveau de participation hier dimanche. Il ne s'agit plus de rejeter l'extrême-droite, mais d'y mettre les deux pieds en avant et de sauter dans le trou. Un trou noir d'où il sera bien difficile de sortir...
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