BÂTIMENT Pascal Lacosta : « Si rien n’est fait, beaucoup de salariés vont rester sur le bord de la route »
Le président de la section gardoise de la Fédération française du bâtiment tire la sonnette d’alarme et il estime que les mesures gouvernementales pour soutenir la filière ne sont pas suffisantes.
Objectif Gard : Où en est le bâtiment après plusieurs semaines de crise dû au coronavirus ?
Pascal Lacosta : Ça reste très compliqué. Aujourd’hui, le Gouvernement se targue en disant que les chantiers ont repris à 85%. Effectivement quand on ouvre la grille d’un chantier et que l’on met quelques salariés dessus, on peut considérer qu’il est ouvert, mais il n’est pas en productivité à 100%. Tout cela c’est de la communication, de l’annonce, mais ce n’est pas le cas du tout. Si on est à 60% de productivité au mois de juin, ce sera déjà bien.
La semaine dernière, le Gouvernement a présenté des mesures de soutien au secteur du bâtiment. Comment les accueillez-vous ?
On est très déçu parce que cela ne fait pas le compte. On attendait un plan de relance, mais ce n’est pas le cas. Le bâtiment c’est deux millions d’emplois en France dont 11 000 dans le Gard. C’est un autre volume que les grands groupes automobiles qui sont sous perfusion depuis plusieurs années. Nous on n’a jamais de prime. On attend avec impatience le plan de relance du Gouvernement.
Que demandez-vous au Gouvernement ?
L’abandon des charges, une TVA à 5,5% pour toute la rénovation et la défiscalisation des heures supplémentaires. Parce qu’à un moment donné, il va falloir en faire des heures supplémentaires et ce n’est pas prévu dans nos prix.
"À Bercy, il faudrait qu’ils soient un peu plus près du terrain"
Avez-vous l’impression de ne pas être entendu par le Gouvernement ?
Complètement. À Bercy, il faudrait qu’ils soient un peu plus près du terrain, car on ne s’en sortira pas qu’en faisant des bilans comptables. Il y de bonnes choses qui ont été décidées, il faut maintenant transformer l’essai. Il ne fallait pas diminuer le financement du chômage partiel de 15% et il fallait le prolonger jusqu’à la fin du mois de juin.
Quel est le coût des mesures de sécurité sanitaires dues au coronavirus ?
Cela représente un coût d’environ 2% à 3% pour les entreprises mais il faut rajouter le coût de la productivité qui est ralentie. Quand on met tout bout à bout, cela représente environ 15%.
Quels sont les risques pour les salariés gardois du bâtiment ?
Des fermetures d’entreprises. Il faut savoir qu’il y a 85% des 36 000 communes françaises qui ont au moins une entreprise du bâtiment. Si rien n’est fait, beaucoup de salariés vont rester sur le bord de la route. Le risque est aussi de perdre du personnel qualifié que l’on ne retrouvera peut-être pas car ils iront faire un autre métier.
"On ne peut pas se contenter de ce qui est proposé aujourd’hui"
Le temps presse ?
Oui, et on continue à être mobilisés pour que nos demandes soient entendues du Gouvernement, car on ne peut pas se contenter de ce qui est proposé aujourd’hui.
Envisagez-vous de manifester si la situation ne s’améliore pas ?
Non, je ne pense pas car ce n’est pas dans notre culture. On n’a jamais demandé de subventions. On est une fédération qui vit avec les cotisations de ses adhérents. On se bat comme on peut et on est régulièrement en relation avec les ministères, mais ce n’est pas dans notre ADN d’aller manifester ou de faire grève.
Êtes-vous optimiste sur l’avenir du Bâtiment ?
Quand on est entrepreneur, on ne peut pas être pessimiste. On fait avec ce que l’on a et on se débrouille.
Propos recueillis par Norman Jardin
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