ÉDITORIAL La Mission locale de Nîmes en danger : qui est responsable ?
Le cas nîmois n'est bien entendu pas un cas isolé. Plusieurs missions locales en France se retrouvent dans la même situation.
La Mission locale de Nîmes - comme les 400 autres dans toute la France - a pour but d’aider les jeunes de 16 à 25 ans à résoudre leurs difficultés d’insertion sociale et professionnelle. Pour cela, des actions individualisées et un suivi régulier sont mis en place. Au total, ce sont plus d'un million de jeunes adultes par an accompagnés, la moitié retrouvant un emploi, et l'autre, encouragée dans une formation ou une immersion professionnelle. Ceci étant, il y a quelques années, un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales pointait déjà l'instabilité chronique des financements de ces maisons de l'emploi et un manque de visibilité en lien avec la menace de retrait de certains financeurs ou de la mise en place de dispositifs bousculant ce modèle économique. Plusieurs décisions politiques ou le Covid tout simplement, sont en plus venus casser la machine. La première, en 2017, à l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir. Par opposition idéologique au président socialiste, le chef de l'État fraîchement élu a décidé de mettre un terme à l'une des mesures phares de François Hollande en 2012 : le dispositif emploi d'avenir qui permettait aux 16-25 ans peu ou pas qualifiés d'obtenir plus facilement un travail. L'objectif avait été atteint pourtant avec 300 000 jeunes bénéficiaires de ce dispositif qui fonctionnait comme un contrat aidé. Conséquence de l'arrêt pur et simple de cette aide vitale pour des jeunes en mal d'emploi : l'accroissement des demandes auprès des missions locales. La capitale du Gard n'a pas échappé à cette situation. Mais comme cela ne suffisait pas, en 2019, le Gouvernement a changé les règles du jeu du financement de ces structures. Avec l'entrée en vigueur d'une réforme des modalités de versement des crédits de la garantie jeune, désormais morcelé en plusieurs étapes, agrémenté d'une prime variable sur résultat. Forcément, ce service public de la jeunesse n'a eu d'autres choix que de subir et s'est retrouvé empêtré dans des difficultés de trésorerie qui ont explosé l'équilibre financier. Le Covid a mis à terre le second genoux encore vaillant. Le cas nîmois n'est bien entendu pas un cas isolé, plusieurs missions locales en France se retrouvent dans la même situation. Comment en vouloir alors aujourd'hui aux acteurs de la misère économique qui ont dû faire face à l'arrivée massive de nouveaux inactifs ? 700 000 euros de déficit prévisionnel en 2023 ? 550 000 euros déjà en 2022. La ville de Nîmes tente de venir à la rescousse pour éponger la dette, elle ne pourra pas être seule à assumer les reponsabilités.
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