ÉDITORIAL Les marchands de tabac au coeur de la bêtise européenne
Comme les agriculteurs, les buralistes subissent de plein fouet les mesures sans coordination européenne de la France.
Hier jeudi, les marchands de tabac se sont mobilisés partout en France et notamment dans le Gard où une délégation a pris la route très tôt le matin pour rejoindre le péage du Boulou, à la frontière avec l'Espagne pour dénoncer la nouvelle hausse du prix des cigarettes en vigueur depuis le 1er février 2024. Alors que les paquets de tabac ont subi une inflation - jusqu'à un euro pour certaines marques -, en Espagne, le prix reste inchangé. Un nouvel exemple flagrant de concurrence déloyale. Alors que le tabac est la première cause de mortalité évitable avec 75 000 décès par an en France, l'État agit avec hypocrisie. L'augmentation a des effets sur la consommation. Mais il a surtout pour conséquence d'encourager la contrebande et l'achat hors des frontières. Comment reprocher toutefois aux fumeurs de traverser une frontière ouverte pour aller acheter leur cartouche moitié prix ? Ce n'est d'ailleurs pas aux consommateurs que les buralistes en veulent mais bien aux mesures prises par le gouvernement. Faire la peau au tabac pourquoi pas ? Mais pourquoi uniquement en France ? La même problématique s'observe d'ailleurs à l'autre extrémité du pays et même du côté des Alpes-Maritimes où les acheteurs vont se ravitailler très facilement au Luxembourg ou en Italie. Le contrecoup économique est dramatique pour les commercants qui perdent, à chaque hausse des prix, un chiffre d'affaires important. Pourtant, l'exécutif devrait être attentif au rôle important de ces commercants pas comme les autres, qui constituent le premier réseau de commerces de proximité dans l'aménagement du territoire notamment en zone rurale. Alors que les services publics disparaissent à vue d'oeil, ces décisions unilatérales et nationales, conduiront à la fin, à la mort de ces points de vente. Une erreur magistrale. D'autant que les patrons de ces commerces font déjà les efforts nécessaires pour diversifier leur activité. Et dans les plus petits villages, ils sont aussi le lieu de rencontre entre les habitants. Il est donc peut-être temps de se pencher sur la proposition de loi déposée à l’automne dernier à l’Assemblée nationale par un député Horizons. Le texte propose qu’un arrêté fixe, chaque année, les quantités maximales de produits de tabac susceptibles d’être livrés aux buralistes en Europe en fonction de la consommation réelle du pays. Par exemple, au Luxembourg, les industriels livrent 3 milliards de cigarettes alors que la consommation domestique affiche 600 millions. À l’inverse de la France qui a une consommation nationale de 49 milliards pour une production de 30 milliards. Mais ce texte a-t-il des chances d’aboutir ? Le parlement européen pourrait-il s’en saisir ? Les élections européennes approchent, voilà un thème de campagne intéressant...
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