FAIT DU JOUR Chez TSL, les camions ne roulent plus à l'essence mais au colza
C'est en 1989 qu'a été créée l'entreprise TSL (Trans Service Locatrans) à Roquemaure. Franchisée chez les Déménageurs bretons, la société familiale a pris un nouveau tournant au moment où le fils, Patrice Hot, a pris la gérance en 2007. Désormais, une majorité de l'activité est consacrée au transport de marchandises et à la logistique. Installée depuis juillet 2020 dans la zone de Tesan à Saint-Laurent-des-Arbres, TSL s'inscrit dans une tendance plus verte.
À l'heure où les prix de l'essence à la pompe sont au plus haut, certaines entreprises s'engagent dans d'autres options pour le transport. Depuis mars 2018, le B100, un carburant composé d'esters méthyliques de colza, est autorisé en France. Aujourd'hui 350 transporteurs et autocaristes français ont entièrement ou en partie adapté leur flotte. Plusieurs patrons y ont vu une solution plus vertueuse et surtout une alternative d'avenir. En effet, la taxe carbone pourrait entrer en vigueur aux frontières de l'Europe dès le 1er janvier 2023. Incombe à la France d'obtenir l'accord politique des 27 gouvernements européens durant sa présidence. Le Parlement européen vise aussi la neutralité carbone à l'horizon 2050.
Si elles veulent limiter les coûts, les entreprises vont vite devoir se tourner vers des transports de marchandises moins polluants. Le groupe Avril a donc lancé l'Oléo100, un biocarburant B100 100% colza(*), adoptés par plusieurs transporteurs. Pas plus cher que l'essence, ce carburant permet de réduire au minimum de 60% les émissions de Co2 et jusqu'à 80% les particules rejetées par les poids-lourds.
20% de la flotte de camions de TSL roulent au colza
"On a de plus en plus de demandes d'entreprises qui veulent des camions qui roulent au colza", assure Patrice Hot, gérant de TSL. Depuis que sa société a déménagé à Saint-Laurent-des-Arbres fin juillet 2020, il convertit petit à petit ses camions au colza. Aujourd'hui, ils représentent 20% de sa flotte grande d'une cinquantaine de poids-lourds. Cela aurait dû être 50% mais les pénuries de composants électroniques et les difficultés d'approvisionnement en matières premières ont freiné ses ambitions. "Les délais de livraison de camions sont conséquents. Rien avant le 1er semestre 2023 pour l'instant", déplore le gérant.
Cela n'enlève rien de la superbe de cette entreprise à 6 millions de chiffre d'affaires annuel, qui cumule aujourd'hui plus de trente ans d'expérience entre le Gard et le Vaucluse. Elle transporte des marchandises générales, des produits frais, des déchets ou encore des produits de nutrition animale pour Royal Canin. Le fabricant devrait bientôt avoir son camion roulant au colza qu'il testera depuis son centre de distribution à Marguerittes. TSL a aussi une activité de citerne alimentaire pour transporter les liquides tels que le vin ou l'huile. Grâce à son nouvel entrepôt à Saint-Laurent, l'entreprise est aussi agréée comme dépositaire sur demande. Plusieurs domaines stockent sur place leurs bouteilles de vin dans de bonnes conditions et avec une température contrôlée. TSL constitue aussi une base arrière de son partenaire laudunois FM Logistique et accueille certains de ses camions de livraison lorsque la plateforme est saturée.
Parmi les 100 premiers transporteurs français à avoir franchi le pas du biocarburant
Les affaires roulent pour TSL malgré l'épidémie de covid qui a fait chuter le chiffre d'affaires de 10% en 2020 à cause de la baisse de convois. Mais Patrice Hot avait à coeur de s'engager plus franchement dans la transition écologique. Pas convaincu par l'électrique ni par le GNV (qui nécessite un investissement supplémentaire d'environ 45% par rapport au colza malgré les subventions de l'État, ndlr), il s'est tourné vers le colza. En région Paca, il a été le premier à franchir ce cap, le deuxième en Occitanie et parmi les 100 premiers transporteurs français.
TSL dispose de sa propre cuve de biocarburant sur site où les camions viennent s'approvisionner. Car on n'en trouve pas dans les stations essence classiques. "Ça ne pose pas problème car nos camions sont équipés de réservoirs avec une grosse capacité, environ 1 000L. Ils peuvent parcourir 2 500 km sans faire le plein. Avec une moyenne de 350 km par jour, ils ont largement de quoi tenir toute la semaine", assure Patrice Hot. Quant à la cuve, lorsqu'elle atteint un certain seuil, une puce envoie un signal au groupe Avril et des agents viennent la remplir.
Pour le gérant de TSL, l'Oléo100 est une bonne solution provisoire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. "À terme, ce sera l'hydrogène qui prendra le pas. Mais on n'arrive pas encore à le produire de manière décarbonée", avance Patrice Hot. Dans le Gard rhodanien, une étude d'opportunité va d'ailleurs être réalisée et financée entièrement par Hynamics, filiale du groupe EDF. L'idée serait de voir s'il est possible ou pas de construire une unité de production d'hydrogène sur le territoire. "Une des matières premières pourrait être des déchets ou bien des boues des stations d'épuration", avait avancé le président, Jean-Christian Rey, lors d'un conseil communautaire. Pour rappel, sur ce territoire, 650 000 tonnes équivalent CO2 sont produites chaque année et 20% proviennent du transport.
Marie Meunier
(*) L'Oléo100 est produit dans des fermes françaises. Pour obtenir du carburant, le colza est récolté et pressé jusqu'à obtenir de l'huile qui va servir à faire fonctionner les moteurs. Les tourteaux qui restent sont, quant à eux, utilisés pour l'alimentation animale.
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