LES-SALLES-DU-GARDON La première cuvée de l'unique whisky cévenol fait déjà des émules
Depuis un peu plus de six mois, l'ex-publicitaire Antoine Restencourt vend les premières bouteilles de son whisky cévenol élaboré en Normandie et achevé aux Salles-du-Gardon, dans sa distillerie des Camisards ouverte au public depuis le 16 juillet, et que le sous-préfet de l'arrondissement d'Alès, Jean Rampon, a visité avec une attention particulière ce jeudi.
Antoine Restencourt aime prendre son temps. Passionné par sa nouvelle activité amorcée il y a quelques années après deux décennies en qualité de publicitaire dans le milieu du cinéma, le Normand d'origine a mis plus d'une heure avant de verser une lichée de son whisky cévenol artisanal dans un verre de dégustation qu'il a tendu à un sous-préfet de l'arrondissement d'Alès impatient d'en découvrir les saveurs. Il faut dire que le père de famille avait des choses à dire, se livrant à une présentation quasi-exhaustive face à un Jean Rampon intéressé et pas avare de questions et conseils.
S'il l'a investie depuis novembre 2021, Antoine Restencourt n'a ouvert sa distillerie des Camisards au public que depuis le 16 juillet dernier. Installé dans la plaine de l'Habitarelle aux Salles-du-Gardon, le hangar abrite un alambic géant d'une contenance de 500 litres. Le whisky single malt artisanal en sort à plus de 65°, avant de filer des mois durant chez un ami normand pour maturer en fût de chêne. Le néo-sallois le récupère alors pour le cajoler pendant trois mois en fût de châtaignier dont il prend beaucoup de tanins, ce qui lui confère des arômes surprenants. Ce dernier est alors réduit à l'eau de pluie, pour s'établir à près de 43°, avant d'être mis en bouteille. Une étape dont se charge très souvent le fils d'Antoine, 12 ans. "Il adore ça !", précise l'ex-publicitaire, engagé dans une démarche écoresponsable. Et d'ajouter : "Puis ma femme se charge de cirer les bouteilles pour les rendre hermétiques."
"Il est très doux", constate Jean Rampon, qui vient d'achever sa dégustation. "Je vous avais dit qu'il se rapprochait du whisky japonais", lui rétorque Antoine Restencourt, lequel considère qu'il "tend vers le rhum". Vendue au prix de 65€ pièce, la bouteille de 70 cl n'a aucun mal à trouver preneur. En Cévennes, le "faiseur de gnôle" jouit déjà d'un réseau de distribution fort de 70 points de vente. À Alès par exemple, son whisky se déniche dans la cave Papilles au nez, en centre-ville, ou chez Canturla, dans le quartier de Clavières. "Je sais que le V and B et l'Atelier de Marie sont intéressés pour le distribuer à partir de la rentrée", précise l'entrepreneur, qui attend désormais d'élargir sa gamme, en faisant usage d'un malt fumé et de deux malts tourbés.
Aussi, "pour Noël, je vais proposer une nouvelle version de mon whisky qui aura vieilli dans des tonneaux de bourbon en provenance du Kentucky", prévient Antoine Restencourt. Prochaine étape pour celui qui continue d'aménager sa distillerie : le Made in Cévennes en intégralité. Une perspective envisageable à l'horizon 2025, lorsque le Sallois sera en capacité de stocker une centaine de tonneaux de chêne et de produire jusqu'à 5 000 bouteilles par an, sans rien devoir à son ami normand.
"Vous êtes encore dans la phase de décollage, maintenant il vous faut aller chercher des boosters", lui a suggéré le sous-préfet. Déjà soutenu par le réseau Initiative Gard, le spécialiste du whisky a, à ce titre, la volonté de retenter sa chance lors du prochain concours économique Alès Audace qui devrait avoir lieu à l'automne. "Vous êtes dans un créneau porteur et vous allez réussir. Quand ça arrivera, vous vous souviendrez de ce jour où vous étiez derrière votre comptoir pour recevoir 3 ou 4 personnes", a prophétisé Jean Rampon. Et de conclure, un brin paternaliste : "Vous avez l’avance suffisante pour installer votre produit durablement. D'autres vous emboiteront le pas, mais ils ne seront que des imitateurs. Vous pourrez alors dire 'j'ai été le premier' !"
Corentin Migoule
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