L'INTERVIEW Nicolas Guérineau : "Il faut absolument remettre des habitants en centre-ville au Vigan"
Propriétaire de la brasserie de l'Avenir et président de l'UPV (union des professionnels du Pays viganais), qui réunit les commerçants, Nicolas Guérineau était présent lors de la signature de la convention Petites villes de demain pour se féliciter de l'opération de revitalisation du territoire mise en place. Il en attend une transformation partielle de la ville et une hausse de la clientèle. Car être commerçant au Vigan, ce n'est pas toujours facile, alors qu'environ 20 % des commerces sont inoccupés.
Objectif Gard : Globalement, comment se porte le commerce au Vigan ?
Nicolas Guérineau : C'est compliqué. Il y a des activités qui sont sur-représentées en ville, et pas assez de puissance économique pour certaines entreprises. Et puis, on se heurte à des réalités structurelles : du foncier, il n'y en a presque plus. Il faudrait réhabiliter l'ancien pour apporter de nouveaux services, quand Well possède encore des locaux vides. La ville reste sinistrée de Well. À l'époque, il y avait 1 300 emplois. Aujourd'hui, 300 (*). De l'artisanat et du maraîchage s'installent et continuent à vivre. Mais à l'époque, Le Vigan comptait 5 500 habitants. On est 3 800 aujourd'hui. On a le cadre de vie mais pas la dynamique. Les rapports de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) montrent bien que le pouvoir d'achat est très faible au Vigan, avec un taux de chômage supérieur à celui du département, qui est déjà très haut.
Quels commerces sont sur-représentés à vos yeux ?
Avant tout la petite restauration, on est à 140 % par rapport à ce qui se fait ailleurs. Et des métiers plus fins, qui sont repris par d'autres, comme la coordonnerie, effectuée par la Ressourcerie, parce qu'il n'y a plus assez de demande pour un artisan sur place à temps plein.
Reste-t-il du foncier pour permettre à de nouveaux habitants de s'installer ?
Les achats se font surtout sur les villages du pourtour. Structurellement, Le Vigan est ce qu'il est. Mais il faut une politique d'attractivité pour redonner envie de venir sur Le Vigan.
Par rapport à il y a vingt ou vingt-cinq ans, une politique d'embellissement a tout de même été menée en ville...
Oui, ça avait démarré avec l'ancienne municipalité. D'ailleurs, je me suis battu pour que, à travers Petites villes de demain (relire ici), il y ait une action sur les façades. Pour que ça donne envie de s'installer en ville. Une autre chose est essentielle, c'est le maintien des services publics. On a perdu la perception, il faut absolument garder la sous-préfecture, l'hôpital local, les écoles... Afin de conserver la qualité de vie.
En tant qu'association de commerçants, vous avez donc eu votre mot à dire sur la démarche Petites villes de demain ?
On a travaillé sur plusieurs axes, oui, c'est un projet qu'on va suivre de très près. Il est très important pour le territoire : 200 appartements sont à refaire, il y en a 140 insalubres et 400 ne sont pas loués. Or, il faut absolument remettre des habitants en centre-ville.
L'image d'une ville en perte de dynamisme reste, pour l'instant, collée au Vigan. Le dispositif Petites Villes de demain peut-il changer cela à votre avis ?
Changer l'image, ce sera plus long, je pense. On ne plaît pas à certains... Mais à d'autres, si. Nous sommes aussi une campagne à une heure de Montpellier, Nîmes ou Millau. Je pense qu'on devrait axer notamment sur le tourisme de proximité. Parce que, en matière de tourisme, on manque aussi de logements de qualité.
À titre personnel, vous avez hésité à reprendre un commerce au Vigan ?
Je me suis installé en 1999 avec un camion à pizza (la pizza des Cévennes, qui reste installée devant la brasserie de l'Avenir désormais, NDLR). En 2006, j'ai racheté le bar. Puis, en 2011, j'en ai fait une brasserie. Mon père était boulanger à Aulas, tout s'est enchaîné naturellement, en fait. Mais je garde un plat du jour à 10 €, alors qu'à 20 ou 30 kilomètres, il serait à 14 ou 17 €. On est obligé, sinon on fait très peu de volumes. Ici, on travaille sur le volume et pas sur la marge. C'est donc difficile de créer de la richesse. Mes travaux dans la brasserie m'ont pris près de dix ans. Ailleurs, je les aurais fait en cinq ans.
(*) En 2006, la direction d'alors avait même annoncé la fermeture totale du site, ce qui n'a, finalement, pas eu lieu.
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