NÎMES L'effet papillon de la crise en Ukraine met en danger la sécurité alimentaire mondiale
Président de l'association Action contre la faim (ACF), Pierre Micheletti alerte l'opinion publique sur le fait que la guerre en Ukraine pourrait bousculer la sécurité alimentaire mondiale, en Afghanistan mais surtout en Afrique, et provoquer de grandes famines.
Pierre Micheletti a donné une conférence aux archives départementales du Gard. Il a souligné le lien entre l’Afghanistan et l’actualité. Il évoque « la création d’une famine aggravée par la guerre en Ukraine ». L'Afghanistan est le premier pays dans lequel ACF est intervenu historiquement. Le fait d'installer les Talibans dans une tension politique accroît les problèmes de nutrition dans ce pays qui cultive essentiellement du pavot, même si les Talibans, désormais au pouvoir, aujourd'hui souhaitent l'interdire. Rien ne va s'arranger avec l'effet papillon engendré par La crise de l'Ukraine.
De l'Afghanistan à l'Afrique, en passant par l'Ukraine
Selon l'intervenant, une grande famine mondiale, notamment dans les pays africains, est à craindre, si rien n'est anticipé. Les prix du blé par exemple, explose et la tendance ne s'inversera pas à cause des événements de l'Est, où l'Ukraine était le grenier de l'Europe. À la hausse générique du prix du blé, il convient d'ajouter une augmentation des frais de son transport et du coût des intrants, dont l'engrais qui a besoin de gaz pour sa fabrication.
La période de préparation des sols arrive pour le blé et, d'après Pierre Micheletti, il est hors de question de planter quoi que ce soit en Ukraine à cause des événements. Ce sera compliqué également après la guerre à cause notamment de la question des mines et des bombes non explosées. Même en France il faut se préparer à s'appuyer sur nos agriculteurs. Le réchauffement climatique a un effet mécanique sur les rendements agricoles. L'absence de capacité de stockage et la réduction des transports, devenus trop chers, sont des difficultés à surveiller de près. "C'est l’équation des trois C : conflit, climat, covid", explique Pierre Micheletti.
L'Afrique n'aura pas les moyens de manger
Les pays dépendants de la production de produits alimentaires provenant d’Ukraine et de Russie vont devoir acheter leur blé plus cher. La Chine et I'Inde, qui ont un besoin colossal et les moyens de payer, se fourniront en céréales auprès d’autres pays et vont provoquer une hausse importante des prix. Les pays Africains comme l'Égypte, l'Algérie, le Liban, la Lybie et les autres, n'auront pas les moyens de s'approvisionner. "L’Afrique achète plus des 4/5e de son alimentation au reste du monde", indique Sylvie Brunel, géographe et écrivaine.
"L’Algérie, qui nous a longtemps vendu du blé, est devenue un des premiers acheteurs mondiaux. Elle est dépassée par l’Égypte, premier importateur mondial, dont la population, serrée autour de ce cordon ombilical fragile qu’est le Nil, sur seulement 5 % de la superficie du pays, pourrait atteindre 150 millions en 2050, et s’accroît à une vitesse telle que les démographes parlent de « contre-transition démographique »", ajoute-t-elle.
Mais alors, que faire ?
Afin d'y remédier, ACF ne pratique pas l'apport direct en biens de consommation, mais s'appuie sur des transferts financiers. "30% de l’aide humanitaire internationale mondiale s'effectue sous forme de transfert financier", lance Pierre Micheletti. Acheter localement évite les problèmes de stockage, de vol, de détournement, de transport donc de coûts. La tendance est de financer et de responsabiliser les acteurs locaux et les États. « Il faut mécaniser l’Afrique », explique Sylvie Brunel. ACF reste en profonde réflexion sur les actions concrètes à mener et se tourne vers la concertation.
La conférence de l'ACF à Nîmes s'est ainsi soldée par un vote-sondage direct du public en ligne sur Slido. La concertation Nîmoise oriente l'association vers un vecteur de communication radiophonique avec de l'événementiel culturel et des actions ciblées dans la rue en France, par exemple. Les votants expriment également leur souhait de soutenir les projets et les acteurs locaux des pays concernés, agriculteurs ou pêcheurs notamment, financièrement et par de la pédagogie envers les populations.
Yannick Pons
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