TRÈVES Les chevriers Émilie Leroy et Nicolas Lepesant ont pris pied dans le village
Le pacte pastoral de la Communauté de communes, adopté en 2015, voit sa plus belle matérialisation entrer en oeuvre en ce début 2023 : l'installation, ex-nihilo, de chevriers sur la commune, après négociations de terrains de pâturage avec les propriétaires locaux (relire ici). Émilie Leroy et Nicolas Lepesant sont arrivés en janvier dans la commune. Avec un fils, qui viendra soutenir les effectifs de l'école du regroupement pédagogique.
C'est une politique intercommunale. Mais aussi une volonté municipale, car c'est bien la mairie qui a réhabilité l'ancien appartement au-dessus de La Poste, pour accueillir convenablement les nouveaux exploitants. Qui devaient recevoir leurs premières chêvres cette semaine, et entamer la construction de la chèvrerie dans l'année, en surplomb du village et du hameau du Villaret.
Le choix d'Émilie et Nicolas n'a rien du coup de tête. Il serait plutôt l'aboutissement d'un travail entamé il y a près de trois ans, "depuis qu'on cherche à s'installer, résume Émilie. Cela fait plus de deux ans qu'on habite dans les Cévennes, à Saint-André-de-Lancize". Si le couple était alors sur d'autres projets, le mail de Relance Cévennes a orienté leurs démarches.
"On était dans l'idée d'une reprise"
"Depuis le début, on était dans l'idée d'une reprise, rembobine Émilie Leroy, de prendre la suite d'un départ en retraite. Pas forcément sur une création. Mais une expérience était requise, c'était compliqué. On a également pris contact avec Terre de Liens mais ils n'avaient pas d'offre disponible sur ce secteur." À Trèves - ou plutôt sur l'ancien canton - on n'a plus vu de chèvres depuis une soixantaine d'années. Et les brebis de Causse-Bégon ne suffisent pas à débroussailler les sous-bois qui remontent presque jusqu'au col de la Pierre plantée.
C'est donc bien de création qu'il s'agit. Et si la mairie rendra accessible et viabilisera le promontoire où doit être bâtie la chèvrerie, si Marc Thuret, président de l'association des propriétaires de terrain de Trèves, l'investissement principal incombe au couple qui s'installe. Et construire une chèvrerie, ce n'est pas non plus devenir locataire d'une ferme Terre de Liens. "Dès qu'on a pu visiter une chèvrerie, on l'a fait. On s'est fait une idée de ce qu'on voulait, ou pas", poursuit Émilie Leroy.
"La passion des animaux m'a fait changer de métier"
"La passion des animaux m'a fait changer de métier", insiste celle qui a suivi des formations agricoles en Haute-Savoie. Pour tous deux, éleveur n'est pas un métier qui se pratique en intensif, mais bien dans des zones de reliefs, "sur des terrains que seule la chèvre peut valoriser et entretenir", avec "plusieurs heures de sortie par jour", accentue Nicolas Lepesant, pour qu'elles aient le temps de trouver leur nourriture dans les sous-bois et débroussaillent par la même occasion. Selon le diagnostic établi par la Chambre d'agriculture, les 120 hectares mis bout-à-bout pourront nourrir 70 chèvres. Les premières vingt-cinq sont arrivées lundi 6 mars à Trèves. "Des Alpines, précise Émilie, qu'on croisera peut-être plus tard avec des plus rustiques, comme des Rove, ou des Anglo-nubiennes, qui supportent plus la chaleur."
Fabrication, commercialisation, les nouveaux Trévois n'omettent rien de leur nouvel emploi. En cohérence avec le projet global de village, ils comptent en premier lieu sur l'épicerie pour écouler leur production. "L'été, il y a quand même beaucoup de gens qui viennent ici, on sera là", poursuit Nicolas Lepesant. Certains magasins de producteurs recevront également la production de fromages de chèvre de la ferme. De quoi financer l'emprunt qui sera nécessaire à la construction de la chèvrerie, pour lequel le couple recevra quelques subventions.
Mais pas encore de pélardon. Sans chevrier au moment de l'Appellation d'origine contrôlée, la commune n'a pas été intégrée au périmètre de l'appellation. Un biais que les nouveaux éleveurs espèrent bien faire changer, eux qui ont déjà porté une demande d'extension du périmètre.
Enfin - et ce n'est évidemment pas pour déplaire au maire - Émilie et Nicolas arrivent à Trèves avec un petit garçon de presque deux ans. Une condition pour le couple, mais aussi pour la commune accueillante qui voit, dans cette installation, de futurs utilisateurs des services publics locaux. Des services qui ne s'usent que si on ne s'en sert pas, justement.
Les premiers fromages sortiront sous le nom des Chèvres du Trévezel, en 2024. Éleveurs et maire comptent ensuite sur la population pour assurer un revenu suffisant aux nouveaux arrivants.
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