BAGNOLS/CÈZE Pour l’urbaniste et géographe Guillaume Faburel, « il va falloir sortir des métropoles »
Professeur de géographie, d’urbanisme et de sciences politiques à l’Université Lyon 2 et à l’Institut d’études politiques de Lyon, auteur de plusieurs essais sur la question de la métropolisation, Guillaume Faburel est à Bagnols ce samedi à l’invitation du groupe d’action Bagnols insoumise.
Il était ce matin à la Librairie Occitane pour dédicacer ses deux derniers ouvrages, Les Métropoles barbares et Pour en finir avec les grandes villes (éd. Le Passager Clandestin). Des livres où il développe son point de vue, à savoir qu’il va « falloir sortir des métropoles, que collectivement les instances organisent un grand déménagement, déménager le territoire pour mieux l’aménager. »
Une thèse qui repose sur une logique notamment écologique : « les métropoles sont trop grosses et font peser un risque écologique, social et politique dramatique », affirme l’auteur, qui s’appuie sur « des données qui montrent toutes que cela fait longtemps que nous avons dépassé la limite, il faut retrouver de la mesure dans la démesure. » Un modèle urbanistique intimement lié au capitalisme et à la centralisation économique. « Sans rompre avec le capitalisme, il sera très compliqué de démanteler les grandes métropoles », estime Guillaume Faburel.
Cependant, le mouvement est en train de se produire, affirme-t-il : « Il y a un désamour croissant pour les grandes villes, il concerne surtout les jeunes, qui en partent de plus en plus tôt », explique-t-il, précisant que chaque année, « 100 000 personnes quittent les 22 métropoles françaises. » Sauf que ce début d’exode urbain concerne avant tout « ceux qui ont les moyens de partir », et provoque « une gentrification » des plus petites villes qui reçoivent ces flux, et donc une hausse des prix de l’immobilier. « Et on reproduit à l’échelle locale des mini-métropoles qui nourrissent des couronnes périurbaines », note Guillaume Faburel, qui défend pour contrer ce phénomène « un encadrement des loyers et une réquisition des logements le cas échéant. »
Le constat établi par Guillaume Faburel est clair : « on ne peut pas continuer à tous nous réunir dans des villes de grande taille, ce n’est écologiquement plus tenable. » La trajectoire globale reste cependant au développement de ces métropoles, le fruit « d’un modèle de pensée anachronique défendu par tous les gouvernements successifs », estime-t-il. Il y a donc urgence à « repolitiser le débat. » Et à l’ouvrir, déjà.
Et selon lui, l’avenir est dans les plus petites villes, comme Bagnols et ses 19 000 habitants. « La strate entre 10 000 et 30 000 habitants est la bonne pour envisager la souveraineté alimentaire, la sobriété écologique, tout en satisfaisant la demande de bien-être », avance Guillaume Faburel. Localement, pour lui, « le Gard rhodanien a une taille de bio-région tout à fait adaptée, avec à disposition des terres, de la ressource en eau, une polycentralité qui donne une armature territoriale. »
L’avenir serait donc à Bagnols ? Peut-être, à condition de ne pas reproduire les modèles qui ont conduit à la métropolisation, prévient l’auteur : « il faut déconcentrer et décentraliser. »
Guillaume Faburel sera en conférence-débat ce samedi à 17 heures à la salle A du centre culturel de Bagnols, place Flora-Tristan. Entrée libre et gratuite.
Thierry ALLARD
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