NÎMES Le procureur : "On ne peut pas traiter à la légère un renseignement à caractère terroriste"
Cette famille se souviendra longtemps de la descente d'un service d'élite de la police nationale...
Au départ, il s'agit d'un renseignement administratif laissant supposer qu'un père de famille détient des armes et munitions et que sa fille âgée d'une vingtaine est radicalisée. Une jeune femme qui consulte des sites dédiés au terrorisme, selon les premiers éléments dénoncés au parquet de Nîmes.
Il n'en faut pas plus pour que l'armada policière se mette en place. "C'est moi qui ai géré le dossier au parquet de Nîmes et au départ le renseignement est extrêmement inquiétant. On ne peut pas traiter à la légère un renseignement à caractère terroriste. Il y a un défi nouveau lié au terrorisme", souligne jeudi après-midi à l'audience du tribunal correctionnel le vice-procureur, Patrick Bottero.
Face au tribunal, le père de famille, 58 ans, est prévenu de "détention non autorisée d'arme, munition ou élément essentiel de catégorie B". "C'est un héritage détenu par mon père que je n'ai pas déclaré en préfecture. Je n'ai rien acheté", déclare l'homme chez qui une arme avec 400 cartouches ont été retrouvés lors de la descente de police dans un quartier de Nîmes en juin 2018.
À ses côtés, sa fille veut dénoncer les conditions d'interpellations. "Je suis accusée de choses graves alors que je n'ai rien fait. Ils ont cassé la porte. J'ai été frappée. Ma grand-mère, âgée de 80 ans a été blessée. Il y avait du sang partout", s'indigne la jeune femme aujourd'hui âgée de 21 ans. Une fille qui s'est convertie à l'islam à l'âge de 16 ans, sans pratiquer cette religion au quotidien selon elle.
"On peut comprendre votre émotion madame, mais lorsqu'il y a une suspicion de terrorisme il y a des précautions à prendre pour les services de sécurité car ils ne savent pas où ils vont mettre les pieds", ajoute Jean-Pierre Bandiera, le président d'audience.
"J'ai traité l'information au plus haut, de manière criminelle, avec des policiers d'élite et une interpellation particulièrement désagréable j'en suis conscient. Mais très rapidement on s'aperçoit que l'affaire n'a pas l'ampleur dénoncée au départ. Dans ce dossier, nous ne sommes pas dans une affaire de terrorisme. On ne vous reproche pas aujourd'hui une appartenance à un groupe terroriste. Au départ, on est sur une jeune femme qui est doit partir pour le Jihad. Au final, il s'agit d'une personne qui a consulté des sites évoquant la religion. Je demande la relaxe de cette jeune femme", poursuit le vice-procureur Patrick Bottero.
"Je vous remercie de votre honnêteté intellectuelle monsieur le procureur. C'est un contexte qui conduit aux interpellations et à la méthode musclée des forces de l'ordre", ajoute Maître Aoudia pour la défense. Le tribunal va suivre les réquisitions du parquet et la jeune femme est relaxée tandis que son papa écope de 1 000 euros d'amende pour la détention d'arme. Des armes et munitions qui sont confisquées.
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