Il semble imbattable. Avec le vent en poupe ou à contre-courant, Pierre Meurin paraît inarrêtable. Élu député de la quatrième circonscription du Gard en 2022, le député sortant s'est présenté avec enthousiasme, prêt à défendre son bilan de deux ans. Jamais, du moins en public, il n'a semblé douter. Sa campagne d'entre-deux-tours a été relativement discrète, mais il s'impose à nouveau face à Arnaud Bord, le candidat du Nouveau Front populaire, comme en 2022...

Défendre son bilan

Que la campagne dans la quatrième circonscription fut particulièrement tendue. Le ton avait été donné dès le 24 juin sur notre plateau du Club Objectif Gard, où Pierre Meurin, lors du débat, attaqua directement Arnaud Bord dès l'introduction, normalement réservée aux présentations. Meurin, qui avait déjà affronté Bord en 2022 au second tour des mêmes législatives, lança : « Je vais tout de suite entrer dans les sujets qui fâchent, et moi, élu depuis 2 ans, je m'interroge sur l'alliance que vous avez nouée avec l'extrême gauche. » Par cette attaque frontale, il donnait le coup d’envoi de sa campagne. C’est ainsi que Pierre Meurin se distingue : incisif pour mieux se défendre, il a choisi cette stratégie pour mener sa campagne.

Une campagne qu’il mena avec une confiance inébranlable. Convaincu que son bilan méritait d’être valorisé, Meurin en fit l’un des axes centraux de sa stratégie. Alors que l’opposition moquait son manque de présence sur le terrain et à l’Assemblée nationale, le député sortant répondit par des chiffres désormais emblématiques dans la quatrième circonscription : il affirme avoir rencontré personnellement deux tiers des maires et effectué plus de 700 déplacements sur le terrain, se classant parmi les 25 premiers députés pour le nombre d’amendements déposés sur les 577 que compte l’Assemblée, et prenant la parole en 51e position parmi ses collègues. Pierre Meurin, tel était son bilan en tant que député, et il promettait de poursuivre sur cette voie en cas de nouvelle élection.

Une campagne menée entre intensité et stratégie

Confiant au point de croire qu’il pourrait se qualifier dès le premier tour en éliminant Arnaud Bord, Nadia El Okki, Pierre Martin et Jérôme Garcia, Pierre Meurin ne cachait pas son espoir de bénéficier d’une dynamique nationale particulièrement favorable au Rassemblement national. Cependant, bien que le premier tour ait été un véritable raz-de-marée pour son parti, il ne parvint pas à éviter le second et se retrouva face à Arnaud Bord, dans un affrontement entre deux visions politiques et stratégies radicalement opposées. Fort de son ancrage local dans de nombreuses communes rurales, en particulier autour de Pont-Saint-Esprit, Pierre Meurin misait sur cet implantation pour renforcer son avance au second tour face à un Arnaud Bord déterminé, qui intensifia sa présence sur les marchés, lors des rassemblements républicains, et bénéficia du soutien de figures comme Raphaël Glucksmann, Chloé Ridel, Carole Delga ou encore Olivier Faure sur la semaine de l'entre-deux tour. La stratégie - néanmoins pas assumée - de Pierre Meurin visait aussi à se maintenir au maximum à l’écart des controverses entourant les députés du Rassemblement national cette semaine, tout en consolidant sa position à l’Assemblée national dans l’espoir de participer à une majorité absolue pour gouverner le pays.

"Je bénéficie du travail que j'ai accompli pendant ces deux années de mandat car je suis allé sur le terrain tout le temps, accessible et simple. Les gens ont aussi adhéré à la personnalité qui est la mienne."

Pierre Meurin, député de la quatrième circonscription du Gard

Meurin, l'indéboulonnable

Après une semaine marquée par des échanges acérés entre Arnaud Bord et Pierre Meurin, les deux candidats ont continué de se confronter, y compris quelques heures avant le début du devoir de réserve, sur le réseau social X. Les résultats à 20 heures ce dimanche semblent jeter un voile d'incertitude sur l'issue du scrutin. Au moment des premières estimations nationales, alors qu’Arnaud Bord obtenait un score favorable dans les bureaux de vote alésiens, stupéfiant Max Roustan, le maire, et réjouissant Paul Planque, élu d’opposition, les premières tendances en faveur du candidat du Nouveau Front populaire ont bientôt commencé à se dessiner plus clairement. À Rousson, par exemple, Arnaud Bord a accumulé 400 voix supplémentaires entre les deux scrutins, une prouesse, alors que Pierre Meurin n’a que légèrement augmenté son nombre de voix sur la commune. Tandis que l’union de la Gauche triomphait sur le plan national, Arnaud Bord prenait rapidement conscience que la défaite se dessinait et qu’il devrait s’incliner une nouvelle fois face à son adversaire. Trop fort.

« J’ai la satisfaction d’avoir résisté à ce pseudo front républicain et d’être réélu très largement, » affirme Pierre Meurin, qui obtient 57,64% des voix et célèbre ainsi une large victoire. Pourtant, il ne cache pas sa déception de se retrouver, comme depuis 2022, au sein d’un groupe minoritaire à l’Assemblée nationale, la troisième place obtenue au niveau national en termes de sièges ce dimanche soir ne lui permettant pas d’atteindre ses objectifs initiaux. « J’aurais souhaité que Jordan Bardella puisse accéder à Matignon et que Marine Le Pen préside un groupe majoritaire à l’Assemblée nationale, mais ce n’est pas le cas. Nous en prenons acte, » reconnaît-il. Sa réélection est vécu, en demi-teinte, bien qu’elle s’inscrive dans le grand chelem des six candidats RN élus sur six dans le Gard.

De son côté, Arnaud Bord préfère souligner sa « fierté » pour « toutes et ceux qui ont combattu pour redonner de l’espoir aux gens » : « C’est au niveau national que vient la satisfaction. Ici, ma petite candidature quasiment désespérée au premier tour, mais nous avons fait le travail et nous n’avons pas à rougir. Ce ne sera pas la dernière aventure, » assure-t-il, mettant en avant sa progression notable par rapport à 2022 en termes de voix. En effet, que les enjeux soient municipaux ou législatifs, l’ancrage territorial d’Arnaud Bord est à mettre en lumière, tout comme celui de Pierre Meurin. Tous deux ont engagé durant cette campagne « express » une bataille intense, souvent dans les limites du respect mutuel, mais avec une détermination sans relâche de part et d’autre, un travail de terrain à mettre à l'honneur. Et à la fin, c'est le député sortant qui gagne...

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