Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 16.05.2024 - Coralie Mollaret - 5 min  - vu 1314 fois

FAIT DU SOIR Bertrand Pelain : « Arrêtons de fantasmer sur la SPL Agate ! » 

Bertrand Pelain est devenu directeur de la SPL Agate début mai.

- © Coralie Mollaret

Stationnement, gestion de l’aérodrome de Courbessac, d’Aquatropic ou encore aménagement des zones d’activités économiques… Ces dernières années, à Nîmes métropole, la SPL Agate (Société publique locale) est montée en puissance. Rencontre avec son nouveau directeur, Bertrand Pelain.

Objectif Gard : Vous avez pris vos nouvelles fonctions début mai. Pouvez-vous vous présenter ? 

Bertrand Pelain : J’ai 43 ans, je suis originaire de Grenoble. J’ai été embauché comme responsable juridique en 2013 par Antoine Cotillon (ancien directeur, NDLR). Au départ, il y avait 13 salariés contre une centaine aujourd’hui ! J’ai toujours été passionné par la chose publique. Lorsque j’étais étudiant en droit, à 20 ans, je suis devenu conseiller municipal du maire de Venon, un petit village près de Grenoble. C’est ce mandat d’élu local, de terrain, qui m’a conduit à orienter mes études de droit vers les domaines de l’urbanisme et de l’aménagement. 

"Après Jean-Paul II, il faut un pape de transition !"

 

Antoine Cotillon a été directeur de la SAT (société d’aménagement du territoire, NDLR) et de la SPL Agate durant 18 ans. N’est-ce pas compliqué d’arriver derrière lui ? 

Si, c’est super compliqué (rires) ! Pendant dix ans, j’ai eu un plaisir fou à travailler avec lui. Antoine Cotillon a redressé la SAT et a été à l’initiative de la création, en 2012, de la SPL Agate ainsi que du développement de ses différents métiers actuels. Il a anticipé beaucoup de projets comme, par exemple, la création récente de la foncière Odil, chargée de racheter des locaux vacants pour y installer de nouveaux commerçants. Je n’ai pas son expérience, mais je connais bien la maison, nos équipes ainsi que nos multiples actionnaires. Comme je le dis souvent en plaisantant et humblement : après Jean-Paul II, il faut un pape de transition !

Comment définiriez-vous la SPL Agate ?

C’est une société publique de droit privé. Nous sommes un prestataire de service, c’est-à-dire que nous travaillons uniquement par contrat avec nos actionnaires : les collectivités.  Les communes nous demandent de réaliser des études, de monter des projets, de gérer des services ou équipements. Vous savez, des maires nous appellent parfois pour nous engueuler car ils sont avant tout nos clients ! Alors c’est vrai : ces dernières années, la SPL a pris beaucoup de nouvelles de compétences : la gestion des offices de tourisme de Nîmes et de Nîmes métropole,  du stationnement, d’Aquatropic, de l’aérodrome de Courbessac ou encore la rénovation urbaine. Mais c’est la ville de Nîmes - actionnaire à 60 % -, Nîmes métropole - à 36% -, ou les 28 autres collectivités actionnaires qui choisissent de recourir à ce mode de gestion. Arrêtons de fantasmer sur Agate ! Nous mettons uniquement en œuvre des projets ou gérons des services et équipements pour le compte de nos clients. Nous n’avons pas de pouvoirs énormes. 

Qu’en est-il de la Senim malheureusement connue dans le cadre de l’affaire judiciaire concernant le président de Nîmes métropole, Franck Proust ? 

Elle a été rebaptisée la SAT il y a de nombreuses années. C’est une société d’économie mixte - détenue à 48 % par Nîmes métropole - qui a très peu de salariés. Contrairement à la SPL, elle peut répondre à des appels d’offres. La question s’est posée de la fermer, mais ses actionnaires (composés entre autres d’établissements bancaires)  ont  préféré utiliser ses fonds propres, soit 8 M€, ainsi que sa réelle expertise technique pour le mise en œuvre de nouveaux projets utiles aux territoires, comme la création d’Odil, la réalisation de projets immobiliers. Nous le ferons  prochainement à Garons en produisant du logement social. Nous souhaitons aussi en lien avec Nîmes métropole aider par exemple les entreprises à s’implanter ou à se développer via notre expertise immobilière  sur le modèle de ce qui a été fait pour Jérome Nutile. La SAT a aménagé le Mas de Boudan. Le restaurateur a payé un loyer et, quand il a pu le faire, a acheté le Mas. 

La SAT est aujourd’hui concurrencée par sa voisine montpelliéraine. La SERM de Montpellier répond à des appels d’offres. Un phénomène qu’à Nîmes, vous ne prenez pas très bien… 

Effectivement. La SERM de Montpellier a répondu à des consultations lancées par des collectivités autour de Nîmes pour construire des logements. Ça a notamment été le cas à Milhaud. En fait, il y a un principe national, un peu tacite : chaque société d’économie mixte reste dans son périmètre géographique. Sauf qu’aujourd’hui, avec la crise du logement, la SERM cherche d’autres marchés pour rémunérer ses équipes… 

Pour revenir au sujet de la SPL Agate, comment expliquez-vous qu’elle ait pris, ces dernières années, autant d’ampleur ? 

Les collectivités ont plusieurs modes de gestion possibles pour assurer un service :  la régie, la délégation de ce service à une entreprise privée ou nous. Nous sommes l’entre deux : une société privée sur laquelle la collectivité exerce un contrôle étroit  qui a l’avantage de ne pas rémunérer d’actionnaires implantés notamment à l’étranger (comme peuvent le faire de grandes multinationales). Les excédents des opérations sont soit reversés aux collectivités ou peuvent être réinvestis dans les équipements gérés par nos soins. Par exemple pour le stationnement ou Aquatropic à Nîmes, une partie des bénéfices peuvent être contractuellement  réinvestis dans les équipements. C’est un système hyper sain et extrêmement vertueux.

Vous avez récemment repris la gestion de l’aérodrome de Courbessac. Où en êtes-vous ? 

L’idée est d’augmenter les recettes et de les réinvestir sur le site. Après l’arrivée l’an dernier d’un nouveau directeur, Thibaut de Rosnay, nous avons harmonisé toutes les redevances des hangars. Nous avons lancé plusieurs études pour refaire les pistes, réaliser des infrastructures… Pour ça, il nous faut des recettes. Nous souhaiterions créer une ferme photovoltaïque de plus de  20 hectares. Ce qui pourrait nous permettre d’obtenir de grosses redevances et de financer nos projets. Pour l’heure, nous analysons les offres. 

Un mot sur Magna Porta. N’avez-vous pas été fâché que la commercialisation de la zone d’activité économique autour de la gare ait été confiée au groupe NGE ? 

Fâché ? Non ! Ça nous a challengé. La SPL, elle, s’occupe des études, d’acheter les terrains et de les aménager. En faisant le choix de l’appel à projets ayant sélectionné la société NGE, Nîmes métropole a voulu aller plus vite en tentant de commercialiser cette opération bien plus en amont qu’à l’accoutumée. Ce n’est pas faire injure de dire que des gens ont peut-être le bras plus long que nous pour attirer des entreprises. Nous travaillons de concert avec NGE pour construire les dossiers règlementaires. Les élus locaux n’avaient jusqu’à il y a quelques années pas conscience de la nécessité d’anticiper au maximum les opérations de maîtrise foncière… Mais les contraintes inhérentes à ces sujets et le manque de foncier ont permis aux élus de prendre véritablement conscience de ce besoin d’anticipation important. Ce montage à mon sens innovant permet de tenter de surmonter ce problème.                    

Une nouvelle société publique a été créée pour gérer le Musée de la Romanité, la SPL Culture et Patrimoine. C’est étonnant : pourquoi ne pas tout regrouper au sein d’Agate ? 

On ne peut pas être critiqué parce que l’on fait tout et tout nous confier (rires) ! On fait déjà beaucoup de choses. Par ailleurs, l’actionnariat de la SPL Culture et Patrimoine, qui compte à ce jour deux actionnaires, n’est pas le même que celui de la SPL Agate qui en compte près de trente. Antoine Cotillon était un excellent développeur. J’ai tendance à penser que je suis plutôt un gestionnaire. Je souhaite sécuriser nos structures et continuer à développer nos services pour être utile en creusant le sillon de nos filières actuelles. De plus, ces différentes structures (SAT, SPL Agate et SPL Culture et patrimoine) collaborent quotidiennement entre elles via un Groupement d’intérêt économique (GIE) dénommé Oras qui a été constitué il y a quelques années afin de rationaliser les coûts en mutualisant les postes sur les services supports (finances, juridiques et ressources humaines). Vous savez, ce poste de directeur général m’apparait bien plus comme une lourde responsabilité que comme un poste de pouvoir.

(*) Franck Proust est renvoyé devant la cour d'appel de Montpellier début juillet pour trafic d’influence. Il est présumé innocent.

Coralie Mollaret

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