ÉDITORIAL Manifestation interdite : pour une poignée de Nîmois...
Une poignée de Nîmois n'a pas pu se réunir sur l'avenue Feuchères quelques instants pour exprimer sa vive inquiétude au sujet de la situation à Gaza...
Interdire une manifestation en France en soutien à la situation catastrophique en Palestine, est-ce normal ? La question est au coeur des enjeux de notre démocratie mise à mal par les extrémistes de tout poil qui empêchent les citoyens de bonne foi d'exprimer leur opinion pacifiquement. Ainsi, l'État s'engouffre dans la brèche et active cliniquement son autorité. Pourtant, tout citoyen, et c'est un droit fondamental, ne devrait pas être entravé dans sa volonté d'exprimer son opinion librement sur le domaine public. Si bien évidemment, ces manifestations se réalisent dans un esprit républicain. Malheureusement, en France mais aussi en Allemagne, dans une partie de la Suisse, en Autriche ou encore en Hongrie, pour ne citer que quelques voisins européens, ces droits ont été refusés a priori. Malgré la déclaration préalable des manifestants. Il est évident que le contexte très défavorable de ces dernières semaines joue un rôle central. Les autorités craignent des risques de débordements ou des prises à partie contre les forces de l'ordre. Notre pays fait face aussi à des actes terroristes, l'Exécutif ne veut donc pas laisser de place au moindre doute. Rappelons par ailleurs que suite au meurtre d'un professeur à Arras il y a à peine quelques jours, la France est passée en alerte "urgence attentat", synonyme de nombreuses mesures sécuritaires. Les fausses alertes à la bombe un peu partout ne favorisent pas non plus l'apaisement nécessaire des préfectures. Reste enfin les incidents antisémites ou islamophobes répertoriés en nombre conséquent après les nouvelles dramatiques du Proche-Orient. Est-ce que tous ces éléments sont suffisants pour interdire unilatéralement toute expression ? La loi est plus cohérente, même si elle date de 1935. Elle considère qu'une interdiction est possible selon deux conditions : trouble graves à l'ordre public. Et l'impossibilité du maintien de l'ordre public. Pas sûr qu'à Nîmes samedi dernier, les deux conditions étaient remplies. Pourtant, une poignée de Nîmois n'a pas pu se réunir sur l'avenue Feuchères quelques instants pour exprimer sa vive inquiétude au sujet de la situation à Gaza. On demande de la nuance aux manifestants, il est vivement conseillé aux services de l'État d'en faire de même...
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