Un touriste qui passait ce soir sur la place Mallet de Bagnols aurait pu croire que la victoire était pour la candidate de la gauche, entourée d’une trentaine de militants en train de boire des coups en haut de la place. Dans le même temps devant la mairie, Pascale Bordes et une poignée de soutiens avaient plutôt le visage fermé. Car plus qu’une élection au suspense déjà largement entamé dimanche dernier au premier tour, qui avait vu Pascale Bordes arriver largement en tête avec 47,48 %, c’étaient les résultats au niveau national qui étaient scrutés.

Des résultats qui placent l’alliance de gauche en tête, devant celle de la majorité sortante, puis le RN, troisième. Alors ce soir, « je suis dans une ambivalence des sentiments, satisfaite d’être élue, mais également dans une déception au niveau national, je pense sincèrement que les Français ont raté le coche et manqué l’occasion qui leur était donnée de revenir sur la situation catastrophique et chaotique que notre pays connaît », lance Pascale Bordes. Une députée réélue qui affirme qu’elle a « du mal à comprendre nos concitoyens, qui râlent après Emmanuel Macron, après les députés qui ne font rien, qui ne vont pas assez vite, après les institutions, et qui finalement plébiscitent une alliance de la honte qui nous conduira directement au chaos. »

Avec un symbole, Villeneuve-lès-Avignon, qui a placé Sabine Oromi de (très) peu en tête, de six voix, « est devenue communiste, alors que c’est une des cinq villes françaises où on a le plus de personnes qui paient l’impôt sur la fortune au mètre carré, c’est glaçant. » Alors même si elle rappelle que le RN va probablement doubler son contingent à l’Assemblée nationale, « les multiples désistements et les arrangements entre amis honteux », dit-elle, ont causé ce qui ressemble à une déception dans le camp d’extrême droite. Localement, le désistement du candidat Horizons Christian Baume, arrivé troisième dimanche dernier avec 19,21 % des voix, n’a pas suffi à inverser une tendance devenue trop lourde, qui a vu la candidate du parti d’extrême droite virer en tête à Bagnols (53,92 % des voix), à Laudun-l’Ardoise (61,55 % des voix), à Roquemaure (60,32 % des voix) ou encore aux Angles (55,63 % des voix), et faire le plein dans les villages, raflant même 74,57 % des voix à Codolet.

« Il y aura un avant et un après »

Réaction en miroir dans le camp d’en face, où Sabine Oromi, déçue de la réélection de la députée RN sur la circonscription, « qui ne va rien amener de bon pour le Gard rhodanien », voit « un gage d’espoir » dans les résultats au niveau national. Et elle l’affirme, de cette élection naîtra quelque chose : « Dès demain, nous appelons chacune et chacun à se mobiliser dans les luttes sociales qui s’annoncent, et qui sont indispensables aujourd’hui », lance la candidate défaite, qui appelle à « s’impliquer ». « Il y a un peuple de gauche sur cette circonscription », affirme-t-elle, mais pas seulement : concernant le résultat de Villeneuve-lès-Avignon, « ça veut dire que les gens qui ont voté pour Christian Baume et Florent Grau (Les Républicains, ndlr) sont des républicains qui ont préféré reporter des voix sur notre candidature que sur le RN, ce qui veut dire qu’il y a encore des valeurs républicaines qui peuvent nous relier. »

Reste qu’en local, le RN réalise le grand chelem avec six circonscriptions remportées. « Ça me fait de la peine quand on voit l’histoire de ce département, mais je garde l’espoir », réagit Sabine Oromi, convaincue qu’« il y aura un avant et un après. »