ALÈS Bancs de coiffage à louer : le concept américain adopté par un Alésien
Très en vogue aux États-Unis, la location de fauteuils au sein d’un salon de coiffure déjà existant est un phénomène qui vient de traverser l’Atlantique. Eddy Trento est l’un des premiers à l’expérimenter.
Louer des bancs de coiffage au sein de son propre salon à des coiffeurs autoentrepreneurs, tel est le concept adopté depuis quelques jours par Eddy Trento, coiffeur implanté à Alès depuis bientôt 30 ans. Il faut traverser l’Atlantique et se rendre en Amérique du Nord pour se rendre compte du phénomène. « Là-bas, il y en a partout ! Tous les salons fonctionnent comme ça », prévient le Cévenol qui, depuis la fin du mois de mai, fait la même chose dans son établissement situé sur la rocade-est alésienne.
Car dans ce contexte de crise économique où les petits salons de coiffure se voient contraints de fermer leurs portes et où les jeunes générations de coiffeurs ne disposent pas toujours d’apport suffisant pour ouvrir un salon, ce concept apparaît comme la solution idéale aux yeux d’Eddy Trento : « Je ne vois que du positif ! Non seulement il n’y a pas la pression d’un patron qui voudrait faire du chiffre à tout prix, mais en plus le coiffeur garde sa propre clientèle, sa caisse, ses tarifs, et choisit les jours où il a envie de venir travailler. »
Deux par semaine au maximum dans le cas de l’Alésien qui, dans l’optique d’un turnover, limite le nombre de journées de location. Une location journalière d’un banc de coiffage pour laquelle le coiffeur concerné doit
débourser 60 euros. « Tout est compris : l’eau, l’électricité, le matériel, les serviettes, l’accès à la cuisine et au laboratoire pour préparer ses couleurs », s’enthousiasme celui qui va fêter ses 50 ans cette année.
Une auberge espagnole de la coiffure
Pour ne pas se faire prendre à revers par la patrouille, Eddy Trento n’a rien laissé au hasard, montant « un dossier carré » avec l’aide d’un avocat. « Le coiffeur qui veut louer un banc doit déposer son brevet professionnel sur mon site internet, son attestation de responsabilité civile ainsi que sa déclaration Urssaf », énumère celui qui est encore un quadragénaire. Et d’ajouter : « Il ne lui reste plus qu’à régler et imprimer son contrat de location que je tamponnerai à son arrivée au salon. » Simple comme bonjour.
Derrière cette idée survenue « en travaillant » lorsque le coiffeur apercevait « ce grand espace vide », se cache aussi la volonté chez ce dernier de « partager » sa passion : « Je fais ce métier depuis 35 ans et je regrette un peu que ça soit trop souvent chacun pour soi. Donc si je peux mettre à profit mon expertise en donnant des conseils à de jeunes coiffeurs qui débutent... » C’est une véritable « auberge espagnole de la coiffure » qu’imagine le Cévenol, sûr « à 100 % » de la réussite du concept : « C’est un peu comme le téléphone arabe, il suffit que quelqu’un ait le courage d’essayer et en parle aux autres pour que ça prenne ! »
Parce qu’en vingt ans d’entrepreneuriat il n’a jamais eu l’ombre d’une idée « capitaliste », Eddy Trento y voit aussi le moyen d’offrir aux futurs locataires « un salaire décent » : « En travaillant rien que deux jours par semaine, si le coiffeur bosse bien et qu’il veut faire 12 heures dans sa journée, il gagnera autant si ce n’est plus qu’en cinq jours en étant employé dans un salon. » Sur ce coup, l’Alésien se range sans sourciller « du côté des ouvriers ». Car si le concept cartonne comme il le prévoit, « ça pourrait mettre la pression sur certains patrons pour qu’ils paient mieux leurs employés afin qu’ils ne quittent pas le navire ».
Corentin Migoule
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