ÉDITORIAL Michel Barnier, le choix du roi
Son choix de nommer Michel Barnier n'est pas complétement idiot. Il s'agit d'un homme d'État, d'expérience et avec une vision européenne alignée sur le président. Ce choix est cependant maladroit et à rebours du vote des Français.
C'est fait. Après une dizaine de semaines d'attente, le président de la République s'est enfin décidé à nommer un Premier ministre. En supposant que le futur locataire de Matignon devait impérativement venir de l'aile droite avec l'annexion du Rassemblement national. Plus maligne que le chef de l'État, Marine Le Pen a tout de suite fait savoir qu'elle ne participerait pas à ce gag démocratique. Elle a parfaitement raison pour le coup. D'abord, ses ennuis judiciaires à la fin du mois de septembre braqueront, à coup sûr, les projecteurs sur son mouvement. Impossible alors d'envisager la présence de membres de son parti à une aventure gouvernementale qui pourrait la mettre en danger. Enfin, si elle n'est pas condamnée pour inéligibilité, elle tracera sa route ainsi plus confortablement vers 2027. Pour revenir à Emmanuel Macron, son choix de nommer Michel Barnier n'est pas complétement idiot. Il s'agit d'un homme d'État, d'expérience et avec une vision européenne alignée sur le président. Ce choix est cependant maladroit et à rebours du vote des Français lors du second tour des législatives anticipées. Qui ont placé en tête, que cela fasse plaisir ou pas, le Nouveau Front populaire. Les Français ont exprimé certes le souhait de plus de sécurité et d'ordre. Ils ont surtout fait le choix d'une association de partis de Gauche qui leur garantissaient une hausse spectaculaire du Smic. Par ailleurs, le vote du début de l'été était aussi une réponse évidente à la réforme contestée des retraites. Qui a d'ailleurs signé probablement l'arrêt de mort politique du Macronisme. Michel Barnier en tiendra-t-il compte ? Ne jugeons pas avant les actes. Mais la Droite nous a davantage promis ces dernières années des coupes budgétaires tranchantes à tous les niveaux, et particulièrement dans les services publics sans pousser à une hausse du pouvoir d'achat. Et un allongement cumulé de la durée de cotisation et de départ à la retraire que le contraire. Dans sa première déclaration de Premier ministre, Michel Barnier a énoncé les grandes priorités de son gouvernement. On y a trouvé une réponse à l'émotion du pays : "Répondre aux défis, aux colères, aux souffrances" face à l'insécurité, l’immigration. Il a aussi insisté sur la dette financière. Pas un mot sur le coup de pouce pour les bas salaires. Cela va sûrement venir, en particulier lors de la présentation de sa politique générale. Cela suffira-t-il à convaincre la Gauche ? Et la Gauche de chez Macron ? Il y a peu de chance.
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