Publié il y a 1 an - Mise à jour le 19.08.2023 - Corentin Migoule - 4 min  - vu 2804 fois

FAIT DU SOIR Un Alésien à l'assaut de l'Ultra-Trail le plus renommé du monde

Steven Bibal

Steven Bibal portera les couleurs d'Alès jusqu'aux cimes du Mont-Blanc. 

- Corentin Migoule

À 31 ans, Steven Bibal s'attaquera le 1er septembre prochain à l'évènement trail de tous les superlatifs : l'Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB). Plus de 170 kilomètres de course, trois pays et 10 000 mètres de dénivelé attendent le coureur alésien dans quelques jours. Le défi d'une vie !

"Beaucoup de gens" lui disent qu'il est "un extraterrestre de faire ça". "Ça", c'est l'épreuve iconique et mondialement connue à laquelle il s'apprête à participer : l'Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB). Le vendredi 1er septembre prochain à 18 heures pétantes, l'Alésien Steven Bibal prendra le départ de Chamonix pour une course longue de 171 kilomètres et une durée indéterminée. 

Là est la magie - et la folie aussi - de cet évènement sportif qui célèbre cette année ses 20 ans d'existence. "On sait quand on part mais on ne sait pas quand on arrive", résume celui qui vit à Saint-Martin-de-Valgalgues. Quand les premiers bouclent le périple en moins de 20 heures, les derniers franchissent la ligne d'arrivée à Chamonix après 46 heures d'effort. D'autres jettent l'éponge et n'ont pas le plaisir d'être inscrits au rang des "finishers". 

Steven Bibal
Steven Bibal portera les couleurs d'Alès jusqu'aux cimes du Mont-Blanc.  • Corentin Migoule

Une éventualité que refuse Steven Bibal. "Ça serait une grosse déception. J'aurais du mal à le digérer, autant pour moi que pour les gens qui m'accompagnent et les partenaires", reconnaît celui qui avoue mettre "un peu sa vie de côté" pour l'évènement. Car si certains coureurs sont professionnels, à l'image du tenant du titre Kilian Jornet qui vient tout juste de déclarer forfait suite à une blessure au sacrum, le Saint-Martinois n'est qu'un amateur. 

Pompier volontaire et responsable de la sécurité incendie chez SNR, Steven a passé la nuit de mardi à mercredi à lutter contre le feu d'un bâtiment chez Cévennes Déchets (relire ici) avant d'enchaîner avec sa journée de travail. Pas idéal pour préparer une course telle que l'UTMB mais qu'importe, le trentenaire ne se cherche pas d'excuses. Ces derniers temps, pour éviter la blessure, l'Alésien a même stoppé la course au profit de sorties à vélo.

"Je suis vraiment en mode récupération", concède le coureur, lequel se considère encore comme un "néophyte". "Je cours seulement depuis 7-8 ans", appuie celui qui a débuté par la natation, puis le cyclisme, "toujours en compétition depuis l'âge de 4 ans". Grâce à des prédispositions physiques supérieures à la moyenne, le pompier a souvent performé, sans en faire plus que les autres. 

Steven Bibal
Steven Bibal a déjà les yeux rivés vers la ligne d'arrivée à Chamonix.  • Corentin Migoule

"Je suis passionné mais pas accro. J'écoute mon corps et je ne me force jamais à aller courir. Quand je n'ai pas envie, je ne cours pas", admet simplement Steven Bibal, lequel se qualifie lui-même de "bon vivant". Pour autant, il appréhende l'Ultra-Trail du Mont-Blanc avec beaucoup de sérieux et un soupçon d'incertitude. "J'ai été plus rigoureux dans ma préparation pour me rapprocher de la distance", indique le trentenaire dont le rythme est calqué sur deux à trois sorties de 10 à 15 kilomètres chaque semaine, avec une grosse sortie de 25 bornes le week-end.

"Je suis assez local donc j'ai fait le Grand Trail Cévenol d'Anduze de 72 kilomètres et le Ceven'Trail de 110 kilomètres au Vigan", développe l'Alésien qui n'a jamais couru une distance aussi longue que celle de l'UTMB. Tout juste s'en est-il rapproché il y a peu lorsqu'il a bouclé les 155 kilomètres d'une course reliant le Mas de la Barque à Millau dans l'Aveyron. Pour les 15 kilomètres manquants, le pompier volontaire mise sur l'adrénaline de l'évènement et le soutien de ses proches qui feront le déplacement. 

"J'aime beaucoup courir seul"

Sa maman fera d'ailleurs office d'accompagnant référent pour le soutien logistique sur les bases de vie de la course. Elle n'aura aucun mal à repérer son fils qui a volontairement choisi d'arborer une tenue flashy, avec du bleu et du blanc, couleurs de la ville d'Alès qui le soutient dans sa démarche, mais aussi du jaune fluo. Une tenue également frappée des logos de ses sponsors, dont quelques entreprises locales grâce auxquelles il a pu couvrir les frais d'inscription et de participation "très onéreux".

Et ainsi réaliser un rêve qui, jusqu'au 15 janvier dernier, relevait encore d'une part de hasard. "On était plus de 30 000 à postuler sur différents formats", se souvient le Saint-Martinois. 2 300 coureurs ont finalement été retenus pour le 171 kilomètres, format ultime de l'UTMB. "J'étais au travail. J'ai reçu un mail comme tous les participants tirés au sort. La journée a été un peu perturbée", sourit Steven. Et d'ajouter : "J'ai des amis qui postulent chaque année et n'ont jamais été pris. Pour moi la première a été la bonne !"

Il n'est pas le seul Gardois à avoir eu cette chance. À sa connaissance, un coureur viganais y participe aussi, comme un collègue de travail pompier professionnel alésien. Mais parce que seules ses jambes le porteront dans les pentes autour du Mont-Blanc, le trentenaire a pris l'habitude de s'entraîner en solo. "C'est un sport assez solitaire. J'aime beaucoup courir seul", confie celui qui court tout de même occasionnellement avec "un petit groupe de collègues".

"C'est un peu un combat contre soi-même"

Son terrain de jeu quotidien : la plaine de Saint-Martin-de-Valgalgues, Mercoirol, l'Ermitage, Montcalm ou encore le Mont-Bouquet, riche en monotraces et en côtes. S'ils s'en rapprochent parfois, ces tracés n'égalent pas les parcours d'exception et l'étourdissante beauté des paysages qui s'offriront à lui dans quelques jours. 10 000 mètres de dénivelé positif et trois pays (France, Italie, Suisse) l'attendent sur la course suprême de tout ultra-traileur. 

Si le poids de forme de 72kg est déjà atteint pour celui qui mesure 1m77, le paquetage obligatoire comprenant un kit canicule, un kit grand froid et des pantalons spéficiques pour la pluie reste à préparer. Sans doute le sera-t-il le mardi 29 août en fin de journée, le soir de ses congés avant le grand départ le lendemain pour Chamonix. Le 1er septembre à 18h, Steven Bibal se retrouvera seul face à son destin. "C'est un peu un combat contre soi-même. On est là pour se surpasser", échafaude le coureur, qui sait que cette folle aventure a de grandes chances d'être "transformative" sur le plan professionnel et personnel.

Corentin Migoule

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